Le désespoir, la résignation, l'incurie, les dilapidations tous azimut, la corruption à grande échelle… Sid Ahmed Ghozali a vertement chargé le régime en place en l'accusant de tous les maux. Pour l'ancien PDG de Sonatrach, la gestion de la ressource pétrolière est à l'origine de toutes les crises qui frappent le pays, notamment depuis les quinze dernières années. Invité par le RCD à l'occasion du campus des jeunes du parti, à la Mutuelle des matériaux de construction à Zéralda, Sid Ahmed Ghozali a averti contre les tentatives des dirigeants à se laver les mains en fuyant leur responsabilité. «Il ne faut pas se tromper. La situation actuelle est due à une gestion des plus douteuses de la rente pétrolière.» Selon Ghozali, le régime qui a produit «un malheur national» cherche aujourd'hui à se dérober. «Rompu à la ruse, le régime en place tente de tourner la situation à son avantage en voulant nous faire croire que la situation de crise majeure que nous vivons actuellement est due à la baisse des prix du pétrole.» Faux ! martèle l'ex-ministre. Très au fait des différentes politiques menées jusqu'ici, Sid Ahmed Ghozali tient pour seul responsable «le pouvoir en place qui n'a jamais manifesté la volonté politique de sortir le pays de sa quasi dépendance des seules ressources pétrolières». Sinon, s'interroge le conférencier, comment expliquer que 900 milliards de dollars, engrangés par l'Etat depuis 15 ans grâce aux recettes pétrolières, n'ont jamais servi à bâtir une économie productive et diversifiée. Le constat est terrible. Et Sid Ahmed Ghozali ne cache pas ses craintes de voir le pays se diriger vers l'abîme. Sombre avenir «L'irresponsabilité de nos dirigeants risque de mener l'Algérie à la ruine», met-il en garde tout en accusant ces derniers d'être derrière la multiplication des formes de corruption à tous les niveaux, «la corruption a galopé à une vitesse vertigineuse depuis quinze ans. Qui en est responsable ?». L'orateur avoue presque l'impossibilité d'arracher les clefs de la gestion du pays à un pouvoir qui détient toutes les cartes entre ses mains. «Nous ne pouvons pratiquement rien contre ce pouvoir. Il détient l'argent de l'Etat. Tous les leviers de décision sont entre ses mains», a-t-il encore affirmé, pessimiste. En commentant les dernières décisions prises par le gouvernement, le conférencier a estimé que le pouvoir est en train de préparer les Algériens à des mesures drastiques. «Acculé par la crise pétrolière, les décideurs algériens s'acharneront encore une fois sur les citoyens en lui imposant une austérité à peine voilée. En fait, c'est un pouvoir qui a toujours pensé que le peuple est fait pour obéir», a ajouté Ghozali. Un témoin manque à la barre… S'exprimant sur l'affaire Chakib Khelil, Sid Ahmed Ghozali a d'abord rappelé les déclarations étonnantes de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Ce dernier, rappelle-t-on, a affirmé au moment de l'éclatement du scandale de corruption qu'il en a été informé par le biais des médias. «On ne peut pas dire qu'on ne sait pas quand on a été ministre de l'Energie pendant douze ans. C'est inacceptable !» Tout en estimant que le mis en cause dans l'affaire de corruption doit bénéficier comme tout citoyen de présemption d'innocence, SAG a déclaré que la moindre des choses était de l'inviter en tant que témoin. Et de s'interroger : «Pourquoi le gouvernement ne se porte pas partie civile ?»