Les deux pays comptent désormais aller de l'avant pour relancer la construction maghrébine sur cale depuis une décennie. Ce qui n'était au début qu'une simple rumeur, vient de se confirmer. Un sommet Bouteflika- Mohammed VI aura bel et bien lieu en marge du Sommet arabe d'Alger, affirme-t-on de sources officielles algérienne et marocaine. Ces «retrouvailles», estiment des observateurs au fait des relations entre les deux pays, constituent l'occasion idéale pour un rapprochement entre Alger et Rabat, après plusieurs années de brouille et de malentendus, en raison des divergences autour du dossier du Sahara occidental. Même si l'Algérie, aussi bien par la voix du chef de l'Etat que de celle de son ministre des Affaires étrangères, a clairement réitéré sa position par rapport à la question sahraouie laquelle est en premier lieu une affaire de décolonisation devant être réglée dans le cadre des Nations unies. L'Algérie a même refusé d'être citée comme partie prenante du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, considérant que seul le peuple sahraoui est à même de décider de son sort à travers un référendum d'autodétermination, comme stipulé par le plan Baker et les accords de Houston. Il est donc clair qu'avec cette initiative encourageante pour la reprise des relations, sur des bases solides, les deux pays comptent désormais aller de l'avant pour relancer la construction maghrébine sur cale depuis une décennie, laissant de côté le dossier sahraoui, qui ne pourra en aucun cas entraver la dynamique de coopération politique et économique. Rappelons que la fermeture unilatérale, en 1995, par le royaume chérifien de ses frontières terrestres avec l'Algérie, tout en instaurant aux ressortissants algériens un visa d'entrée au Maroc, a été la goutte qui a fait déborder le vase, exacerbant les tensions entre les deux capitales. Par ailleurs, le carnage de Beni Ounif a envenimé la situation entre les deux pays. Le discours du chef de l'Etat accusant le Maroc de servir de rampe de lancement des actions terroristes contre l'Algérie a rendu les relations plus tendues entre les deux capitales. Tout porte à croire donc, que le sommet Bouteflika-Mohammed VI sera annonciateur d'une nouvelle ère qualitative dans les relations bilatérales. D'autant plus que cette rencontre pourrait déboucher, selon M.Abdelaziz Belkhadem, sur la tenue d'un sommet de l'UMA. Dans une déclaration, vendredi à la chaîne Al Jazeera, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que l'Algérie et le Maroc «veulent établir des relations privilégiées et poursuivre la coopération dans tous les domaines». Reporté à maintes reprises, en raison des impératifs de calendrier du chef de l'Etat et du souverain chérifien, le sommet entre les deux hommes aura finalement lieu à Alger. Un événement rendu possible grâce aux visites croisées entre les responsables des deux pays et la série de messages que se sont adressés, M.Bouteflika et Mohammed VI. Il convient, enfin de rappeler que le souverain chérifien, qui n'a effectué aucune visite en Algérie depuis son intronisation en juillet 1999, sera à Alger dès demain, en vue de sa participation au Sommet arabe.