Le remaniement partiel du gouvernement aura mis encore au grand jour la faillite de la communication de la présidence de la République. Si ce remaniement avait fait l'objet de supputations ces derniers jours, c'est une chaîne de télévision privée, la même, qui a un droit préférentiel aux exclusivités de la Présidence, qui a donné l'information, en "urgent". Plusieurs sites ont presque instantanément répercuté l'information, servant ainsi de caisse de résonnance involontaire à cette chaîne privilégiée. Pendant ce temps, c'est le silence radio dans les médias publics, qui s'en trouvent ainsi largués. Il aura fallu que s'écoulent plusieurs heures pour qu'à 16h34 tombe la première dépêche de l'APS qui annonce que "le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé samedi à un remaniement partiel dans le gouvernement conduit par M. Abdelmalek Sellal, indique un communiqué de la présidence de la République". Et ce n'est que, exactement, 19 minutes après cette première dépêche que les limogeages d'Abderrahmane Benkhalfa et Salah Khebri sont annoncés en même temps que les noms de leurs successeurs respectifs, Baba Ami Hadji et Noureddine Bouterfa. On apprendra, dans la foulée de cette deuxième dépêche, que "le gouvernement est aussi marqué par la création d'un poste de ministre délégué chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers, confié à M. Boudiaf Mouatassem". Le remaniement s'arrête- t-il à ces deux ministres ? Pas que, puisque à 17h, une autre dépêche donne plus de détails. Et c'est là que sont annoncées les nominations de Chelghoum Abdeslam, ministre de l'Agriculture, Talaï Boudjema qui jumelle les deux ministères des Travaux publics et des Transports, Ouali Abdelkader qui hérite du portefeuille des Ressources en eaux et de l'Environnement et Mme Eddalia Ghania, aux Relations avec le Parlement, en remplacement de Tahar Khaoua. Ce n'est qu'à 17h42 qu'une autre dépêche, sorte de "récap", fait état des ministres qui ont quitté le gouvernement, en l'occurrence, MM. Khebri, Benkhalfa, Sid-Ahmed Ferroukhi, Tahar Khaoua et Amar Ghoul. Pourtant, un seul communiqué de la Présidence, après un "urgent", aurait suffi. À l'évidence, cette manière de communiquer, au compte-goutte témoigne, encore une fois, d'un cafouillage au sommet de la pyramide étatique. Ce qui est de nature à conforter la thèse de probables tiraillements claniques sous-jacents à ce remaniement abracadabrantesque. O. O.