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Face à la crise, les remèdes inopérants du gouvernement Promotion locale des investissements, dévaluation du dinar, bancarisation, emprunt obligataire, bureaux de change
Ces cinq idées ou actions de redressement lancées par le gouvernement pour surmonter la crise ont déjà montré leurs limites et constituent autant d'illusions et de ratés. La première action menée par le gouvernement Sellal IV fut de réunir les walis à Alger, durant l'été 2015, pour leur confier une nouvelle mission, celle de piloter le développement économique du pays. Selon le discours du Premier ministre, prononcé lors de ce conclave, les walis seraient évalués sur "les créations d'activités et d'emplois, l'implantation d'investissements et d'entreprises et l'évolution de l'attractivité économique des territoires dont vous avez la responsabilité". Dans la même démarche, la relation de l'administration locale avec l'entrepreneur ne devait plus "se limiter à une prestation administrative de délivrance d'autorisations ou d'agréments. Il s'agit de mettre en place des dispositifs d'accompagnement continu en amont et en aval où le wali serait un véritable VRP de sa wilaya en allant démarcher les potentiels investisseurs et en faisant la promotion des atouts de ses communes et daïras". Une année après, c'est au ministre de l'Intérieur de fustiger "l'esprit de la rente chez les collectivités locales qui se contentent d'attendre les transferts financiers de l'Etat". Exit les walis vendeurs des potentialités et créateurs des richesses économiques. Ainsi, tenter de substituer les walis aux entrepreneurs et les collectivités locales aux entreprises économiques est la première illusion du gouvernement. La deuxième illusion est la tentative de masquer par des écritures comptables les déficits budgétaires bien réels. Moins d'une année après le début du recul des prix du pétrole sur les marchés, les déficits budgétaires ont commencé à faire leur apparition. Les réserves de change, censées soutenir la valeur du dinar algérien, ont diminué. Face au recul de leur niveau de stock, trois thérapies potentielles existent : la diminution de la masse monétaire en circulation, l'endettement extérieur et la dévaluation du dinar. Le gouvernement a opté pour la troisième solution, un lifting pouvant donner au FMI et à la BM l'illusion de comptes macroéconomiques équilibrés mais qui met à rude épreuve le pouvoir d'achat du citoyen, consommateur et opérateur économique. En optant pour un discours populiste présentant la dette extérieure comme un tabou et en refusant de moderniser le système financier et bancaire, le gouvernement s'est retrouvé pris au piège par sa propre logique. Conscient qu'il ne pouvait plus continuer indéfiniment à déprécier le dinar, le gouvernement a lancé son plan de bancarisation. C'est sa troisième action illusoire. Un appel aux détenteurs de l'argent hors circuit officiel à injecter leurs avoirs dans le système bancaire formel moyennant une taxation de 7% sans aucune interpellation sur l'origine de l'argent est lancé. À travers cette démarche, le gouvernement Sellal cherchait à atteindre un double objectif : absorber une partie des surliquidités et mobiliser de l'argent pour financer des dépenses publiques et économiques. Une action qui s'avérera être un véritable fiasco pour au moins deux raisons. La première est qu'à cause de l'archaïsme de notre système financier, le négoce avec l'argent sale n'est pas une contrainte pour son détenteur. Mieux, il garantit de conséquents profits loin du regard du fisc. La seconde est qu'il est inconcevable pour les détenteurs de cet argent de payer une taxe qu'ils ont toute la latitude d'éviter juste en continuant d'agir dans l'informel. Face à l'échec de la bancarisation de l'argent de l'informel, le gouvernement lancera, en avril, un emprunt obligataire dans une démarche qui semble répondre aux soucis des détenteurs d'argent informel non convaincus par la formule de la bancarisation. Ainsi, la formule de l'emprunt obligataire lancée et toujours en cours, tout en maintenant la condition de non-interpellation sur l'origine de l'argent et de par la nature même de cet outil de financement, prévoit une rémunération d'au moins 5% de l'argent déposé au lieu d'une taxation de 7%. Malgré cela, l'opération trébuche pour ne pas dire qu'elle se déroule dans une opacité jamais constatée dans les annales de la finance. Notre emprunt obligataire est le seul qui n'est pas lancé avec un objectif chiffré, soit la somme à récolter, arrêtée à l'avance ! C'est la quatrième illusion. Enfin, le cinquième raté. Il a trait aux bureaux de change. Afin de limiter l'action du marché informel des devises sur le cours officiel du dinar et, partant, sur le pouvoir d'achat des ménages, il y a presque un mois, le gouvernement a autorisé de nouveau l'ouverture de bureaux de change pouvant acheter et vendre les devises. Malheureusement, depuis, aucun nouveau bureau de change n'a vu le jour et il semble bien qu'aucun Algérien détenteur de devises ne consentirait à se présenter dans un bureau de change pour y laisser ses euros ou ses dollars contre des dinars. En parallèle, la dégringolade du dinar au square Port-Saïd continue. Mourad KEZZAR