L'aggravation du déficit des paiements conduira inévitablement à l'amenuisement des réserves de change. Selon les chiffres des douanes, repris hier par l'APS, le déficit commercial de l'Algérie a atteint 9,8 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de l'année 2016 contre un déficit de 7,23 milliards de dinars à la même période de 2015, soit une aggravation du déficit de 35,5%. Les données du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis) font état d'une forte baisse des exportations à 9,82 milliards de dollars durant les cinq premiers mois de l'année en cours, contre 15,39 milliards de dollars sur la même période de 2015 (-36,2%). Les importations se sont également contractées mais à un moindre rythme, en s'établissant à 19,62 milliards de dollars contre 22,62 milliards de dollars (-13,26%), en baisse de trois milliards de dollars. En effet, le recul des importations de biens n'a pu compenser que partiellement la forte baisse des exportations des hydrocarbures. Le taux de couverture des importations par les exportations est ainsi passé de 68% à 50% entre les deux périodes de comparaison. Les hydrocarbures continuent de représenter l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger pour une part de 92,96% du volume global des exportations, avec un montant de 9,13 milliards de dollars durant les cinq premiers mois, contre 14,5 milliards de dollars à la même période de 2015 (-37%). Les exportations hors hydrocarbures, qui ont représenté 7% du montant global des exportations, ont diminué à 691 millions dollars, en baisse de 23,14% par rapport aux cinq premiers mois de 2015. La dépréciation du dinar n'a eu aucun impact sur la compétitivité des exportations hors hydrocarbures. Les exportations hors hydrocarbures sont composées des demi-produits avec 519 millions dollars (contre 712 millions dollars), des biens alimentaires avec 115 millions dollars (contre 136 millions dollars), des produits bruts avec 31 millions dollars (contre 39 millions dollars), des biens d'équipements industriels avec 19 millions de dollars (contre 7 millions dollars) et des biens de consommation non alimentaires avec 7 millions de dollars (contre 5 millions de dollars). Pour ce qui est des importations, tous les groupes de produits ont connu une baisse durant les cinq premiers mois de 2016. Les produits alimentaires ont reculé à 3,36 milliards de dollars (-21,7%), les biens d'équipement à 6,7 milliards de dollars (-15,36%), les biens destinés à l'outil de production à 6,24 milliards de dollars (-7,71%) et les biens de consommation non-alimentaires à 3,32 milliards de dollars (-9,1%). L'aggravation du déficit des paiements conduira inévitablement à l'amenuisement des réserves de change. L'année passée, la diminution de près de moitié des exportations d'hydrocarbures a entraîné une forte augmentation du déficit extérieur courant. Les réserves, tout en restant élevées, ont diminué de 35 milliards de dollars, pour s'établir à 143 milliards de dollars en 2015, après avoir culminé à 192 milliards de dollars en 2013. L'ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, avait prévu que les réserves de change se contracteraient davantage cette année pour atteindre 121,2 milliards de dollars. L'érosion rapide des marges de manœuvre dans un contexte international moins porteur appelle à un changement de cap. Meziane Rabhi