Les termes utilisés dans les correspondances sont empreints de louanges, mais éludent les sujets qui fâchent. Les deux lettres adressées par le souverain Mohammed VI au président Abdelaziz Bouteflika laissent-t-elles entrevoir une relance des relations bilatérales ? Les termes utilisés dans les correspondances sont empreints de louanges, mais éludent les sujets qui fâchent. “Réaliser l'intégration escomptée” ou “complémentarité de nos intérêts collectifs” et “relations que nous œuvrons ensemble à raffermir pour un avenir meilleur pour nos enfants” constituent, il faut le dire, la manifestation d'une volonté politique réelle de la part du royaume chérifien à vouloir assainir les relations avec l'Algérie. C'est indéniablement un nouveau discours du palais royal qui change des attaques belliqueuses contre Alger lorsqu'il s'agit pour Rabat de défendre la marocanité du Sahara occidental. Et dans l'état actuel des choses, il faudrait savoir à quoi obéit le revirement de la position chérifienne, surtout lorsqu'on sait que Rabat n'a pas caché, et jusqu'à un passé récent, sa haine à l'égard d'Alger qu'il accuse de soutenir les Sahraouis. L'Algérie a toujours soutenu que le conflit au Sahara occidental demeurait du ressort des Nations unies et qu'il ne pouvait en aucun cas être traité en dehors de ce cadre. Paris et Madrid avaient même exercé des pressions sur Alger pour l'amener à négocier le règlement du dossier avec Rabat, ce qu'elle a catégoriquement refusé. Après avoir accepté d'assister au sommet de la Ligue arabe, le roi Mohammed VI tente-t-il de démontrer sur le plan international sa bonne volonté de régler la crise ? Il faudra attendre la tenue de la rencontre au sommet prévue avec le président algérien pour connaître ses véritables intentions. Alors qu'il s'est exprimé à l'occasion de la visite au Maroc du roi d'Espagne contre toute idée de référendum au Sahara occidental, le souverain marocain aura-t-il enfin décidé de respecter les résolutions onusiennes ? Et si oui, il faudrait savoir si des pressions internationales auraient été exercées sur Rabat afin de lâcher du lest pour en finir avec un conflit qui empoisonne depuis déjà 30 ans les relations intermaghrébines. S. T.