Si en langage des chiffres, les deux mastodontes continentaux que sont le Cameroun et le Nigeria ont de quoi impressionner avec leurs 7 CAN et leurs 12 participations mondiales cumulées, la réalité du terrain devrait être tout autre face à une sélection algérienne qui fait, réellement et sans chauvinisme aucun, figure d'impressionnant épouvantail de ce groupe B. S'il fallait se fier à un classement rationnel, celui de la Fifa épouse parfaitement cette cause. L'Algérie (32e), le Cameroun (58e), le Nigeria (61e) et enfin la Zambie (79e) arrivent avec un ordre définissant leur état de forme actuel suggéré par leurs derniers résultats, notamment ceux des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations 2017. Et dans ces dernières, il faudra bien avouer que seuls nos Verts ont tenu leur rang et à un degré moindre le Cameroun d'Hugo Broos. En totale reconstruction depuis son sacre en Afrique du Sud en 2013 sous les ordres du défunt Stephen Keshi, le Nigeria est, ainsi, loin de justifier, sur le terrain de la réalité, sa réputation de grand d'Afrique. Incapable de se qualifier à la CAN-2015 en Guinée équatoriale et éliminée tout dernièrement de la prochaine CAN, celle de 2017 qu'organisera le Gabon, la sélection nigériane ne fait plus peur. S'appuyant sur une attaque vieillissante portée par les pré-retraités Shola Ameobi et Peter Odemwingie (34 ans chacun) au moment où les jeunes pépites Kelechi Promise Iheanacho (19 ans, Manchester City) et Alex Iwobi (20 ans, Arsenal) peinent à justifier leur potentiel sur le continent et que Moses et Musa sont pratiquement dans le rôle d'intermittents du spectacle, les Super Eagles carburent plutôt au normal, voire au décevant, s'il existait. Leurs résultats nuls en Tanzanie (0-0), au Swaziland (0-0) et à domicile lorsqu'ils ont été tenus en échec par l'Egypte (1-1) le confirment.
Même pas capables de se qualifier à la CAN ! Fidèles à leur jeu basé sur la verticalité et le combat physique imposé à l'adversaire, les Nigérians souffrent derrière où ils ne disposent d'aucun "grand nom" qui ferait office de leader défensif. Le meilleur atout de la bande à Samson Siasia n'est, du reste, autre que l'excellent gardien de Lille, Vincent Enyeama. Le même topo s'applique pratiquement au Cameroun qui, en dépit de ses quatre victoires en CAN et ses sept présences en Coupe du monde, ne dégage plus cette puissance qui faisait des Lions indomptables un adversaire craint autant que respecté. Car, bien que s'appuyant sur une défense expérimentée avec les "Français" Nkoulou, Bedimo et Chedjou, ce Cameroun affiche toujours des difficultés à se porter vers l'avant ou à porter le danger rapidement vers la cage adverse en dépit de compter dans ses rangs des noms crédibles comme Aboubakar ou encore Moukandjo. De plus, si Choup-Moting est avec Aboubakar l'actuel meilleur buteur de la sélection avec 13 buts, il n'a pas connu trop de réussite cette saison à Schalke (seulement 6 buts inscrits soit presque autant que notre défenseur Aïssa Mandi et ses cinq réalisations !), tout comme Clinton N'jie qui s'est complètement perdu à Tottenham. Quant à l'adversaire zambien que notre EN avait dominé sur toute la ligne lors de l'épopée de 2009 avec beaucoup moins de talents, il ne semble pas assez bien armé pour constituer un véritable écueil à la bande à Ghoulam sur le chemin de Moscou. En ballottage défavorable dans son groupe des éliminatoires de la CAN-2017 après avoir déjà été sortie au premier tour lors des éditions suivantes de 2013 et 2015, la Zambie a démontré de réels signes d'effritement de ce qui restait de l'équipe championne du continent en 2012, sous la coupe d'Hervé Renard. La récente raclée reçue en Guinée Bissau (3-2) après le 0-0 de l'aller en est une confirmation : la Zambie peine à se régénérer et à trouver une crédible relève à la génération du vieillissant Chris Katongo (34 ans). Face à un Nigeria dont le seul coup d'éclat voilà deux ans maintenant est une victoire face à la Bosnie-Herzégovine au Mondial-2014, à un Cameroun trop irrégulier et une Zambie en perdition, l'Algérie aura surtout affaire à des "réputations" d'équipes fortes plutôt qu'à de réels gros bras du continent. L'obligation de justifier leur rang d'équipes joueuses et portées vers l'offensive devrait, également, servir les intérêts des Verts, plus que jamais candidats en puissance à confirmer leur rang d'actuelle première puissance africaine. Rachid BELARBI