L'apparition de Nordine Aït Hamouda aux côtés de Malika Matoub avec laquelle il s'est réconcilié à l'occasion de la dernière commémoration de la mort du colonel Amirouche n'a pas manqué d'irriter la foule. Dix-huit ans après son assassinat, le 25 juin 1998, à Tala Bounane, sur la route de Beni Douala, le chanteur et chantre de l'amazighité, Matoub Lounès, continue de drainer des foules importantes comme cela a été d'ailleurs le cas, hier, à Taourirt-Moussa, où plus d'un millier de personnes sont venues se recueillir sur sa tombe dans une ambiance faite à la fois d'émotion et de tension. À 10h, il était déjà difficile de se frayer un chemin pour accéder au cœur de Taourirt-Moussa où se trouvent la demeure de Lounès et sa tombe. Une foule dense s'agglutinait en partie à la clôture de son tombeau et une autre partie au portail du garage où sa Mercedes criblée de balles est toujours en exposition depuis déjà les premières heures de la matinée. Malgré la chaleur suffocante d'hier, ils sont venus des quatre coins du pays comme en témoignent les plaques d'immatriculation des véhicules en stationnement sur plusieurs centaines de mètres. Au moment du dépôt de gerbes de fleurs, une vive tension planait dans l'air déjà irrespirable. L'apparition de Nordine Aït Hamouda aux côtés de Malika Matoub avec laquelle il s'est réconcilié à l'occasion de la dernière commémoration de la mort du colonel Amirouche n'a pas manqué d'irriter la foule qui a exprimé son hostilité à sa présence en scandant "Nordine barra". Les habituels slogans "Pouvoir assassin", "Matoub Yella Yella"... fusent alors de partout lors de cette cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs à laquelle étaient présents des représentants des autorités locales, le président d'APW et une délégation du FFS. Cependant, des membres du comité d'organisation s'affairaient péniblement à obstruer l'accès vers la tombe de ce symbole de la résistance à l'islamisme et à la dictature du pouvoir. La sœur du Rebelle qui a tenté de prendre la parole à partir du balcon de la demeure des Matoub qu'elle venait de regagner, en compagnie de ses "invités de marque", sous les cris hostiles de la foule, avait toutes les peines du monde à faire entendre sa voix. La foule, arborant des drapeaux qui laissaient facilement deviner qu'elle était composée de militants du MAK, scandait si fort qu'elle a pu avoir raison de la sonorisation utilisée par Malika Matoub. Celle-ci multiplie les tentatives de calmer les esprits, mais en vain. Dans la déclaration qu'elle voulait lire à la foule, la sœur de cette icône de la chanson kabyle a annoncé le lancement d'une pétition populaire pour exiger la vérité sur l'assassinat de Matoub Lounès et "la réouverture sans condition du dossier à travers une enquête sérieuse, approfondie et intégrant l'ensemble des aspects liés à ce crime". "Les auditions et confrontations, l'analyse balistique et la reconstitution des faits, ainsi que l'ensemble des événements connexes entourant l'acte doivent impérativement être menés et soumis à l'examen de façon diligente, minutieuse, impartiale et transparente", lit-on dans cette déclaration dans laquelle elle a également largement critiqué la procédure judiciaire lancée par Nadia, l'épouse de son frère, contre le terroriste Hassan Hattab. "La famille Matoub n'ignore pas les velléités d'instrumentalisation de cette affaire et mesure parfaitement les risques que comporte la désignation préalable d'un coupable", lit-on dans la déclaration. Samir LESLOUS