Les affrontements entre les camelots et les forces anti-émeutes ont fait plus d'une dizaine de blessés dans les deux camps et l'on fait état d'une vingtaine d'arrestations parmi les manifestants et les casseurs. La ville d'Annaba a vécu une nuit de violence, samedi, suite à une opération coup-de-poing qu'ont tentée de mener, après la prière des tarawih, les éléments de la sûreté de wilaya pour déloger les marchands ambulants qui ont investi les principales artères du centre-ville. Une action qui a dégénéré en affrontements musclés entre les forces de l'ordre et les jeunes camelots, puis en émeutes dévastatrices, qui ont occasionné des dégâts considérables à un grand nombre de locaux commerciaux et fait une vingtaine de blessés dans les deux camps. Des témoins rapportent que les policiers, venus en renfort pour démanteler les étals de fortune qui jonchaient les rues Mohamed-Khemisti, Gambetta, Larbi-Tébessi et le rond-point d'El-Hattab, auraient tenté, dans un premier temps, de convaincre les jeunes camelots de libérer la chaussée dans le calme, mais ces derniers auraient refusé d'obtempérer aux injonctions. S'ensuivirent alors, toujours selon ces témoins, des échanges d'insultes et de coups entre les agents de l'ordre public et les marchands ambulants déterminés à s'opposer à la saisie de leurs marchandises. "D'autres jeunes seraient alors accourus pour prêter main forte aux dits camelots et la situation s'envenima. Dans la mêlée, les policiers, bien qu'en grand nombre, ont été vite débordés par le nombre impressionnant de jeunes armés de barres de fer et de gourdins et décidés à en découdre avec quiconque oserait leur arracher leur gagne-pain. Tout de suite, les manifestants ont commencé à saccager tout ce qui se trouvait sur leur passage et à allumer des brasiers avec des pneus et des branchages. Des casseurs se sont, malheureusement, mêlés aux protestataires et ont profité de la situation pour éventrer les rideaux et les vitrines d'un magasin de vêtements de luxe du cours de la Révolution et de le piller entièrement. La situation a pris une tournure telle que les passants, hommes, femmes et enfants, pris de panique et craignant de faire les frais de l'explosion de colère qui se profilait, ont fui précipitamment les lieux pour se diriger vers la partie Est de la ville. Ceci alors que les rues commençaient à être encerclées par les policiers anti-émeutes équipés et les nombreux véhicules stationnés aux points stratégiques", nous confie un résident du quartier qui a assisté à la scène. Un autre habitant assure que les policiers répliquaient à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc aux jets de pierre des manifestants et que les ambulances de la Protection civile n'ont pas cessé de faire des allers et retours entre le centre-ville et le CHU Ibn-Rochd, ceci pour décrire l'intensité des manifestations. Les échauffourées se sont ainsi poursuivies jusqu'à deux heures du matin après que les jeunes marchands ambulants en colère et leurs alliés du moment eurent fini par rendre les armes et à regagner chacun son domicile. Les services de sécurité font état d'une vingtaine d'interpellations pour le moment alors que les recherches se poursuivent pour identifier les pilleurs de magasins. A. Allia et B. Badis