Rien ne va plus entre les responsables des autorités judiciaires de Béjaïa et les avocats affiliés à l'Ordre régional des avocats de la wilaya (Orav). En effet, suite à l'appel lancé par les membres du bâtonnat, les robes noires ont observé, lundi dernier, un débrayage d'une journée, ponctué par un sit-in, tenu dans la matinée dans l'enceinte du palais de justice de la ville des Hammadites. Une action inhabituelle organisée par les avocats du barreau en signe de protestation contre la dégradation de leurs conditions de travail et surtout les "intimidations" des instances judiciaires locales dont ils font régulièrement l'objet. "Nos confrères affiliés au barreau de Béjaïa font quotidiennement face à des entraves dans l'exercice de leur fonction. Ce qui constitue une atteinte aux droits de la défense. Nos avocats, notamment les stagiaires, se voient humiliés, voire méprisés par les magistrats et les greffiers. Ils subissent également un traitement pour le moins indécent au niveau des établissements pénitentiaires, où ils sont soumis à des fouilles manuelles et systématiques, y compris leurs cartables. Il s'agit là d'une violation du secret professionnel", nous fait savoir le bâtonnier de Béjaïa, Me Djenadi Mohand Saïd. Ce dernier, visiblement très remonté contre l'attitude des autorités judiciaires, tient à nous préciser que son organisation avait déjà saisi, à maintes reprises, toutes les instances relevant du ministère de la Justice, mais en vain. "Nous avons adressé plusieurs requêtes à qui de droit, y compris le ministre de la Justice, en vue d'intervenir afin de mettre fin à ces agissements répréhensibles, mais, malheureusement, nous n'avons eu que des promesses sans lendemain", déplore Me Djenadi, avant de brandir la menace de radicaliser davantage le mouvement de protestation initié par son bâtonnat. "À travers notre action du 27 juin, nous voulons tirer la sonnette d'alarme en interpellant, encore une fois, le ministère de tutelle sur la gravité de la situation qui prévaut à la cour de justice de Béjaïa. Et si jamais les responsables concernés persistaient dans leur indifférence et passivité, nous envisagerons d'entamer une grève illimitée, dès la prochaine rentrée sociale", a-t-il affirmé d'un ton menaçant. Par ailleurs, le bâtonnat de Béjaïa réclame également la réfection des tribunaux saccagés dans le sillage des événements de janvier 2011, afin de leur permettre d'exercer leur métier dans de meilleures conditions. KAMAL OUHNIA