Résumé : Pour exprimer sa joie et récompenser sa fille, Amar donne une grande fête à laquelle tous les villageois prirent part. On mange, on s'amuse et on passe d'agréables moments. Pour cacher son état, Meriem porte une gandoura trop large pour elle. Houria ne la quittait pas d'une semelle. Elle recevait les cadeaux et s'empressait d'aller les mettre dans un lieu sûr. Elle sourit à Meriem en hochant la tête : -Ton père avait raison de donner cette fête. C'est une journée bénie pour tout le monde. La jeune fille ne répondit pas. Elle somnolait sur sa chaise et aurait donné tout ce qu'elle possédait pour rejoindre sa chambre et dormir son saoul. Mais sa belle-mère veillait au grain. Il faut faire bonne figure devant les gens. Une vieille dame s'approche d'elle : -Meriem, ma fille, comment te sens tu ? On dirait que tu es malade. Tu es tellement pâle ! -Je me sens bien Yemma Djoher. Je suis juste un peu... Elle ne put terminer sa phrase, mais la bonne femme hoche la tête d'un air compréhensif : -Oui. Je comprends. Tu n'es pas habituée à tous ces bruits et à tout ce monde. Tout le village est là. Cela ne doit pas être facile pour toi de supporter un tel brouhaha. Mais c'est comme ça chez nous. La joie doit se partager. Que Dieu fasse que le bonheur illumine tes jours. Elle lui pince la joue et s'éloigne en clopinant. Houria s'approche d'elle : -Que voulait cette vieille sorcière ? -Rien. Elle me trouvait pâle. -Que lui as-tu répondu ? -Rien. Elle avait mis mon état sur le compte de la fête. Houria acquiesce : -C'était la bonne raison. N'est-ce pas Meriem ? Cette dernière hausse les épaules : -Je n'en sais rien. Je me sens si lasse que j'ai peur de m'évanouir. -Oh non, pas ça !, s'écrie Houria d'un air horrifié. Ton père fera appel à un médecin, et le pot aux roses sera découvert. Ne nous fais pas un tel coup Meriem. Surtout pas aujourd'hui. La journée se termine enfin. La nuit était tombée depuis longtemps lorsque chacun rejoint sa maison. La ferme ressemblait à un champ de bataille, mais Ali le berger et quelques jeunes se mettent tout de suite à la besogne pour nettoyer et remettre de l'ordre. Content de lui, Amar s'allonge sur le canapé de la grande salle et pousse un long soupir. Houria lui verse un café et le lui tend : -C'était une très belle fête Amar. Les gens parleront longtemps de nous. -Je voulais ce qu'il y avait de mieux pour ma fille. Meriem, Meriem. Où est-elle donc passée ? -Elle est dans sa chambre. La pauvre petite est épuisée. Elle n'est pas habituée à de telles démonstrations de joie. Toute la journée, elle avait dû se montrer polie et attentionnée. Elle recevait ses cadeaux, remerciait, embrassait les vieilles femmes. C'était un rituel. Alors tu comprends bien qu'elle ne tenait plus sur ses pieds à la fin. -Je le comprends. Laisse-la dormir et assieds-toi là. Où est le petit ? -Aïssa ? Il dort à poings fermés depuis des heures. -Eh bien ! Nous aurons la soirée à nous deux, puisque même Taos a dû rentrer chez elle avec ses garçons pour se reposer. Heureuse d'avoir Amar à elle seule, Houria souriait de toutes ses dents gâtées : -Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas retrouvés ensemble Amar. Il secoue la tête : -Je ne voulais pas rester seul avec toi. J'aurais aimé que Meriem et Aïssa partagent notre soirée. Houria se rembrunit : -Je ne compte donc plus pour toi Amar ? (À suivre) Y. H.