Résumé : Au petit matin, Taos et Meriem reviennent à la ferme. Cette dernière refuse de s'alimenter. Taos la met au pied du mur. Si elle ne mangeait pas, elle risquait de provoquer une autre hémorragie, et tout le village saurait qu'elle était enceinte. Meriem ouvrit de grands yeux. Taos la mettait au pied du mur. Une telle éventualité n'avait pas frôlé son esprit. -Tu comprends enfin toute l'étendue du drame ? Elle hoche la tête : -Oui. Je comprends. -Alors, fini les chichis. Termine ton petit-déjeuner et repose-toi si tu veux. Comme mue par une force intérieure, Meriem avale le tout jusqu'à la dernière bouchée et se laisse tomber sur ses oreillers pour sombrer aussitôt dans un sommeil profond. Son plat entre les mains, Taos allait ressortir de la chambre de Meriem lorsqu'elle se heurte à Houria. Cette dernière semblait de mauvaise humeur, et l'attendait de pied ferme pour l'interroger sur sa fugue la veille au soir, avec sa belle-fille. -Ah te voilà enfin ! Ou êtes-vous donc passées la nuit dernière, toi et cette vaurienne de Meriem ? Vous avez passé la nuit à la belle étoile, après avoir dansé dans une fête foraine ? Taos la repousse et referme la porte de la chambre pour se diriger vers la cuisine. Houria la suit en lançant d'une voix cassée par la colère : -Tu ne veux pas me répondre ? Que faisais-tu dans la chambre avec Meriem ? Taos avance son menton pour indiquer le plateau : -Je lui ai servi son petit-déjeuner. -Elle ne pouvait pas le prendre dans la cuisine ? Et puis quoi encore ? Pourquoi ne me réponds-tu pas Taos ? Où étiez-vous donc passées la nuit dernière ? Amar ne sera sûrement pas content de savoir que sa fille passe ses nuits ailleurs qu'à la ferme, et surtout avec toi comme chaperon. Taos hausse les épaules : -Amar me connaît bien et ne trouvera rien à redire. Il sait que je veille sur sa fille. Houria met les mains sur ses hanches : -Voyons cela ! J'aimerais bien voir sa réaction lorsqu'il apprendra que tu l'entraînes avec toi je ne sais même pas où. Ah mon Dieu ! Que vais-je donc devenir avec vous deux sous mon toit ! Vous allez me rendre folle. Taos ouvre le robinet d'eau chaude et se met à faire la vaisselle. Houria, comme à ses habitudes, n'avait pas pris la peine de débarrasser la table du dîner ou de laver les assiettes dans lesquelles elle avait mangé la veille. Aïssa qui venait de se réveiller les rejoints dans la cuisine. Il était adorable dans son pyjama moucheté et ses petites claquettes. Houria le prend dans ses bras. -Viens Aïssa, viens mon fils. Je ne sais pas si on t'a laissé un peu de lait pour ton petit-déjeuner. Depuis que cette ogresse, qui se trouve être ta demi-sœur, est parmi nous, je ne sais plus gérer mon budget, ou retrouver quoi que ce soit dans le frigidaire. Taos les mains savonneuses se retourne vers elle : -Tu persistes dans ta méchanceté Houria. Meriem ne mange presque rien. Je dois insister à chaque fois auprès d'elle pour qu'elle consente à avaler un bout de galette ou boire son café. Il y a encore du lait au frigidaire, tu n'auras qu'à le réchauffer. Nos vaches ne chôment pas, grâce à Dieu, et nous avons de quoi subsister jusqu'à la fin de nos jours avec les récoltes saisonnières. Meriem est chez elle et devrait plutôt profiter des biens de son propre père. Tu oublies que c'est plutôt toi l'intruse dans la famille, Houria. Taos avait "rejeté" ce qu'elle avait sur le cœur. Aveuglée par sa colère, elle se révoltait à sa manière. Elle savait que Houria avait besoin de temps à autre qu'on la remette à sa place. (À suivre) Y. H.