Le quotidien espagnol El Mundo a révélé, dans son édition d'hier, un autre scandale de corruption dans lequel serait impliqué un député du RND, en l'occurrence Omar Alilat. Elu de la wilaya de Béjaïa, ce parlementaire, présenté comme étant proche de l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines, le très controversé Abdeslam Bouchouareb a été, en effet, cité dans une scabreuse affaire de pots-de-vin qu'il aurait touchés en euros, en contrepartie de son intervention en faveur de la société espagnole Elecnor à l'effet de décrocher un projet avec l'Algérienne des eaux (ADE). Il s'agit, en fait, de la réalisation d'une canalisation dans le cadre du projet de station de dessalement d'eau de mer à Souk Tleta, dans la wilaya de Tlemcen, dont le montant du contrat s'élève à quelque 250 millions d'euros, a-t-on précisé. Selon le même quotidien, le parlementaire du RND et d'autres responsables des deux pays auraient reçu des virements en euros, en deux tranches (3 et 5 décembre 2011). Parmi les autres responsables cités dans cette affaire figurent Gustavo de Arístegui, l'actuel ambassadeur d'Espagne en Inde, et Pedro Gomez de la Serna, député du Parti populaire espagnol, accusés d'avoir perçu des pots-de-vin estimés à plusieurs millions d'euros de la société Voltar Lassen, pour faire bénéficier certaines sociétés espagnoles activant en Afrique et en Amérique latine de grands projets publics. Ce qui s'avère aberrant c'est que la commission accordée à l'ambassadeur Arístegui et au député De la Serna, sur le contrat du projet de canalisation de l'ADE, est estimée à 1% du montant total du marché, alors que le député Alilat aurait perçu la somme dérisoire de 1 000 euros ! Par ailleurs, El Mundo rapporte que grâce à la bénédiction de la société Voltar Lassen, le groupe espagnol a réussi aussi à décrocher un autre marché plus juteux. Il s'agit du projet de la construction de la première ligne de tramway de la ville d'Ouargla, dont le marché a été octroyé en 2013 pour un montant de 230 millions d'euros. Qui est à l'origine de ces révélations fracassantes ? Selon El Mundo, le mérite revient à un certain Cristobal Tomé, un ancien intermédiaire espagnol activant en Algérie, qui aurait déposé, tout récemment, deux lettres au service anticorruption espagnol. Dans ses deux missives, il aurait révélé avoir versé des pots-de-vin aux membres des familles des responsables de l'ADE pour l'obtention d'un marché à Tlemcen. Joint par téléphone, le député Alilat rejette en bloc ces accusations et tient à démentir ce qu'il qualifie de "purs mensonges". "Tout est complètement faux ! Je n'ai aucun lien ni de près ni de loin avec ces gens-là. Que ce soient les responsables de cette société espagnole citée, que ce soient ceux de l'Algérienne des eaux. Je défie ce journal espagnol (El Mundo, Ndlr) d'apporter des preuves tangibles", nous a-t-il déclaré, tout en affirmant qu'il fait l'objet d'une véritable cabale médiatique. Imperturbable, le parlementaire du RND s'est montré très confiant quant à son innocence, allant jusqu'à nous faire part de sa décision de porter plainte contre le journal El Mundo. "Mais je vous assure que je ne vais pas me laisser faire", a-t-il dit. Et d'ajouter : "Je viens d'ailleurs de charger mon avocat d'engager une procédure judiciaire contre ledit organe de presse à la justice espagnole, en attendant de porter également l'affaire devant une juridiction algérienne." KAMAL OUHNIA