Par sa plainte contre El Khabar, le ministère de la Communication a placé le procès comme une contre-offensive politique contre, d'abord, un capitaine d'industrie qui, de tout temps, a réclamé son autonomie. C'est aujourd'hui que sera normalement rendu le verdict dans le procès de l'affaire El Khabar jugée au fond par le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs. L'affaire en question, qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive, dénoncée, d'ailleurs, comme un flagrant arbitraire, a été enrôlée suite à une plainte du ministère de la Communication. Une plainte visant à annuler une transaction commerciale entre le groupe de presse El Khabar et la société Ness-Prod, filiale du groupe Cevital. Il s'agit plus précisément d'une cession d'actifs. La justice devrait donc statuer dans ce procès au fond. La même juridiction a déjà décidé du gel de la transaction ainsi que de ses effets, lors d'un premier procès en référé intenté par le même plaignant. Elle rendra, cette fois-ci, son verdict dans une affaire traitée sans défense. Le collectif d'avocats s'était, en effet, déconstitué dans l'affaire pour dénoncer "une décision connue d'avance", "une arnaque judiciaire" et "une justice obéissant à des injonctions politiques émanant du pouvoir en place". Le verdict d'aujourd'hui tranchera une affaire commerciale conclue en bonne et due forme par deux sociétés légalement constituées. Sauf que, par sa plainte contre El Khabar, le ministère de la Communication a placé le procès comme une contre-offensive politique contre, d'abord, un capitaine d'industrie qui a de tout temps réclamé son autonomie. Et ensuite, à en croire Amar Saâdani, contre une supposée machination de l'ex-chef des services secrets, le général Toufik. Le même Saâdani qui a averti publiquement depuis Tébessa Issad Rebrab qu'il devrait choisir entre les affaires et la politique, le menaçant de perdre ses affaires s'il faisait de la politique. La déclaration du patron du FLN était venue confirmer l'assertion qui voudrait que l'affaire soit dictée par des considérations politiques. L'artifice juridique appelé à la rescousse par le département de la Communication ne tenait plus la route, puisqu'il a été en porte-à-faux avec la loi en vigueur — loi organique relative à l'information de janvier 2012 —, les tenants du pouvoir se sont adonnés à une extrapolation d'une affaire commerciale pour l'inscrire dans l'arène politique et tenter ainsi de faire valoir leurs arguments et, le cas échéant, en finir avec un média dont la ligne éditoriale est jugée trop critique à l'égard du pouvoir en place. Le procès de l'affaire KBC programmé pour le 18 juillet La chambre d'accusation répondra aujourd'hui à la demande de mise en liberté des trois prévenus dans l'affaire de KBC, dont l'instruction a été achevée, avant-hier, et le dossier transféré au parquet correctionnel qui a programmé le procès pour le 18 juillet prochain. Le jugement de cette affaire est donc prévu à moins d'une semaine du traitement de la demande de mise en liberté des prévenus introduite par le collectif des avocats de la défense. Si des membres de ce collectif "s'étonnent" de la célérité avec laquelle le juge du parquet correctionnel a réagi au transfert du dossier intervenu seulement avant-hier, ils se demandent, néanmoins, sur ce que décidera la chambre d'accusation, aujourd'hui, sur l'appel de l'ordonnance du juge d'instruction qui a décidé de les mettre en prison. "Il est souhaité que les prévenus se présentent libres au procès", a dit un membre du collectif qui a rappelé que les lois algériennes ont inscrit "la liberté comme principe" et la détention "comme mesure exceptionnelle", d'autant que les trois détenus ne représentent aucune difficulté pour la justice. Pour rappel, les trois détenus de l'affaire KBC sont accusés "de fausses déclarations" et d'"abus de fonction". Ils ont été placés sous mandat de dépôt, et ce, après un interrogatoire et une garde à vue de 36 heures. L'emprisonnement des responsables de KBC et de la directrice au sein du département de la Culture a fait réagir la société civile où un mouvement de solidarité s'est vite formé autour des détenus. Mohamed Mouloudj