Meryem Benallal, une des nouvelles voix du hawzi, rend hommage au cheikh Redouane Bensari, doyen de la chanson andalouse, dans un nouvel album où elle reprend une dizaine de ses interprétations dans une forme modernisée. Dans les genres hawzi, sanâa ou aroubi, le nouvel album de Benallal comprend en tout 13 pièces, édité chez Just The New. À l'instar des variations modales du Zidène, moual et raml el maya, des mouvements bachraf, ksid et berouali, Meriem Benallal promène sa voix limpide sur les différentes pièces de son album de 78 mn, mettant en valeur l'œuvre d'un des maîtres de l'andalou. Cheikh Redouane Bensari (1914-2002) avait rendu, à des époques différentes, les mêmes chansons, offrant agréablement à l'oreille, différents thèmes existentiels, où sont exaltées la beauté de la cité des Zianides et celle de ses femmes. De belles poésies aux contenus riches, écrites et mises en musique entre le XVIIe et XVIIIe siècles, par les plus grands poètes et musiciens tlemceniens du hawzi et du melhoun, Mohamed Ben Msayeb et Mohamed Bensahla notamment, sont brillamment reprises par la chanteuse. Tout en prenant en compte "la hauteur et la grande maîtrise vocale" de Redouane Bensari dans son interprétation -qui a insufflé une âme particulière aux pièces choisies dans cet album- la cantatrice y ajoute de nouvelles couleurs, par une interprétation subtile, et l'emploi d'instruments modernes comme la guitare et le piano. Préludant son album avec Ya lalla Setti, ya moulet ezzine, une cantate hawfie (interprétation exécutée en chœur, a capella, par un groupe de femmes lors de fêtes familiales), Meriem Benallal a voulu rendre hommage à la ville de Tlemcen, à laquelle cheikh Redouane Ben Sari consacrera ses plus belles créations. Parmi les chansons phares de ce nouvel opus, Chahil elaïn, dans le genre sanâa, où la voix ténorisante du "maître", associée au trémolo de son luth, se mêle à la douceur de Meriem Benallal dans un mixage intemporel inédit. À travers ce duo virtuel, la jeune cantatrice a voulu mettre en valeur la méthode de travail du cheikh sur des chansons du terroir encore méconnues du grand public, sa voix veloutée qui ressuscite les atmosphères denses de la musique andalouse et sa virtuosité d'instrumentiste. D'autres pièces, toutes aussi belles et riches viennent orner le silence des mélomanes, à l'instar du M'khiless Ra-aytou el hilel, Bkit mahmoum ou encore Taal ed'dher âaliya dans le genre aroubi, pour conclure avec Ma waf'fachi talabi, un madih dédié à la Kaâba (la Mecque). Cet Hommage au cheikh Redouane Bensari, est son 4e album. APS