La troupe du Ballet national algérien a donné, dans la soirée d'avant-hier, une représentation du spectacle chorégraphique La flamme du Sahara sur les planches du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Basé sur un texte de Slimane Ben Brahim Tableau de la vie arabe (1908), cette création a été adaptée par Salim Dada et la directrice du ballet, Fatima Zohra Namous Senouci, et chorégraphiée et mise en scène par Ahmed Khamis. Cette dernière œuvre du ballet raconte, à travers de remarquables tableaux, la rencontre puis la séparation tragique de deux amants. La trame se déroule dans une région de l'Algérie profonde, où tout un village célèbre les noces d'un jeune couple, Benmerzoug et Farahoda. Cette dernière sera cependant bientôt affaiblie par la maladie, son compagnon décide alors d'aller à la recherche d'un remède qui la guérira, sauf que le temps lui est compté... Avec un petit retard qui a laissé le public s'impatienter, le premier tableau, dans ce décor simple, voire simpliste, met en scène un "berrah" qui annonce, avec son tambour, les joyeuses festivités qui se dérouleront dans le village. S'ensuit l'entrée haute en couleur des danseuses, qui exécutent à merveille leurs pas sur une musique enjouée et festive. Les amants, Benmerzoug et Farahoda, qui sont brillement interprétés ici par Sofiane Drissi et Wissem Mazzouz, exécutent une danse, symbole de leur amour et de leur symbiose. Le jeune danseur a par ailleurs ébloui l'assistance avec l'émotion qui émanait de chacun de ses pas. La tribu réunit dans la scène suivante le couple sous les youyous des femmes, et célèbre leur union avec une danse de tout le village. Ce tableau a mis par ailleurs en avant les us et coutumes des régions profondes du pays, et a pu rappeler aux plus jeunes cette Algérie d'antan, riche par ses traditions et sa culture. Mais les réjouissances sont malheureusement de courte durée pour le couple. Dans un style proche des arts martiaux, les hommes du village, tout de noir vêtus, dansent (avec quelques soucis de synchronisation) sur le rythme d'une musique grave et mélancolique qui exprime toute l'étendue du désastre qui va se produire peu après. Le spectateur sait d'ailleurs d'emblée qu'un malheur est sur le point de se produire. C'est ce qui va arriver dans la scène suivante, avec les femmes qui introduisent au public une Farahoda malade, avec ses pas plus lents et la mélancolie de la musique qui s'empare rapidement du spectateur, qui éprouve, de facto, une sympathie et une affliction pour ce jeune couple. Benmerzoug, qui s'inquiète désormais de l'état de santé de sa dulcinée essaye de l'aider à marcher... À travers ce tableau, les danseurs ont réussi à retransmettre l'énergie et la mélancolie de cette scène importante du spectacle grâce, notamment, à la danse inspirée de la gestuelle des chevaux. Le héros Benmerzoug et son cheval Lazrag, interprété par Amer Kheloufi, partent alors à la recherche d'une plante médicinale miraculeuse, "l'herbe de vie", qui pourra sauver la vie de Farahouda. Ce rôle de Lazrag a par ailleurs participé à l'avancée de la trame, mais a aussi mis en valeur les remarquables qualités artistiques du danseur et sa sensibilité. Cette création a décidément plu au public algérois, vu le tonnerre d'applaudissements qui lui a été réservée. La musique de Salim Dada, la chorégraphie d'Ahmed Khemis et la mise en scène de Fatima Senouci auront attribué à cette légende du terroir algérien une modernité et une fraîcheur qui a ébahit l'assistance. Les jeunes danseurs et danseuses du ballet ont, à leur tour, merveilleusement communiqué les joies et les malheurs des personnages. Yasmine Azzouz