L'affaire Bouabdallah, l'attaque de Nezzar contre Gaïd Salah, la montée au créneau des redresseurs de son parti et le retour sur scène de Belkhadem auraient pu pousser le SG du FLN à sortir de sa réserve. Contre toute attente, il préfère garder le silence. Cela fait tout de même plusieurs semaines qu'on n'a pas entendu le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, lui, l'exubérant, le loquace devenu subitement muet. L'opinion est tellement habituée à ses sorties tonitruantes et récurrentes que le silence qu'il observe, depuis sa fameuse sortie à Tébessa le 21 mai dernier, apparaît tout de suite comme anormal, voire suspect. Où est-il passé ? Pourquoi ce silence ? Pourtant, ce ne sont surtout pas les sujets brûlants d'actualité qui manquent à l'appel et qui auraient pu, facilement, le sortir de sa torpeur estivale. En effet, depuis sa violente diatribe depuis Tébessa où il avait animé un meeting de son parti, le chef du FLN a comme avalé sa langue et tellement de choses se sont passées, certaines à la lisière de sa formation politique, sans qu'il intervienne dans le débat. Pourtant, lors de son speech à Tébessa où il avait malmené l'ex-patron du DRS, devenu son souffre-douleur, tout en s'attaquant, pêle-mêle, aux généraux à la retraite, au président de Cevital, Issad Rebrab, aux redresseurs du FLN, M. Saâdani s'était montré sûr de lui, donnant l'impression de quelqu'un qui bénéficierait d'une protection certaine à même de l'encourager à tenir un langage à la limite de la bienséance. Et pourquoi donc ce silence si long ? Pourtant, le traitement peu amène subi par un député de son parti et non des moindres, en l'occurrence Wahid Bouabdallah, qui avait passé plusieurs heures dans les locaux du DRS à Hydra après son interpellation, aurait pu le contraindre à sortir de son mutisme pour s'élever contre des pratiques qu'il n'avait eu de cesse de dénoncer par le passé. Mais, contre toute attente, le chef du FLN, si prompt à s'attaquer au DRS du temps du général Toufik, qu'il affublait de tous les adjectifs négatifs possibles et imaginables, n'a pas jugé utile de dire ce qu'il pense d'une situation pourtant condamnable à plus d'un titre, à l'aune de l'Etat civil dont il avait fait son cheval de bataille. L'ancien P-DG d'Air Algérie a même été contraint d'écrire au président de la République pour l'interpeller sur le violent interrogatoire qu'il avait subi dans les locaux du DRS. Mais du côté de M. Saâdani, c'est motus et bouche cousue. Un autre événement et non des moindres, aurait également pu constituer une opportunité pour le secrétaire général du FLN pour dégainer comme il a l'habitude de le faire lorsque son clan est mis à mal et pris à partie. Il s'agit, en effet, de la cinglante attaque du général à la retraite et ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, contre le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Dans un entretien accordé au journal électronique Algeriepatriotique, M. Nezzar est allé jusqu'à qualifier Gaïd Salah de "militaire fruste et mégalomane" chez qui "sommeille le diable de l'aventure". Là aussi on aurait pu imaginer une sortie médiatique de celui que l'on a l'habitude d'envoyer au charbon pour répondre à la place des autres. Mais, une fois de plus, l'événement n'a suscité aucune réaction chez lui. Un mois après la sortie médiatique du général Nezzar, point de réplique du spécialiste en la matière au sein du pouvoir en place. Et même la fronde au sein du FLN, qui est en train de s'amplifier au point de permettre à un certain Abdelaziz Belkhadem, que l'on croyait définitivement banni des rangs du parti, de revenir sur la scène, n'a, visiblement, pas été suffisante pour amener M. Saâdani à reprendre la parole. La question reste donc posée quant aux raisons qui contraignent le bruyant secrétaire général du FLN à adopter cette posture que l'on ne lui connaissait pas. La question qui reste posée est de savoir jusqu'à quand durera ce silence. H. Saïdani