Les meneurs du mouvement promettent d'élargir progressivement les rencontres à l'ensemble des wilayas du pays. L'objectif est de "déboulonner" le très contesté Amar Saâdani de son poste de secrétaire général et de réhabiliter la "ligne politique juste" du parti. Les jours d'Amar Saâdani à la tête du Front de libération nationale (FLN) sont-ils comptés ? Probablement oui. Et pour cause, un large mouvement de redressement le visant est engagé au sein du parti. Ce mouvement est mené par pas moins de 110 anciens membres du comité central (CC), instance suprême du parti, et 86 députés. Ces derniers ne lésinent pas sur les moyens pour mobiliser de larges pans de la base militante qu'ils sollicitent désormais régulièrement à travers l'organisation de réunions au niveau des kasmas de plusieurs wilayas. Saâdani serait ainsi "largement contesté", y compris dans son propre fief, sa wilaya natale, Oued Souf, où une réunion, tenue samedi dernier au siège de la kasma centrale de cette ville, a connu l'adhésion d'au moins 13 kasmas au mouvement de redressement anti-Saâdani. Le même nombre de kasmas a été également enregistré lors d'une autre réunion tenue la veille (vendredi) au siège de la kasma centrale de la wilaya de Khenchela. D'autres réunions similaires ont, par ailleurs, été tenues successivement à Touggourt et Ouargla. Les meneurs du mouvement promettent d'élargir progressivement ces rencontres à l'ensemble des wilayas du pays. L'objectif est de "déboulonner" le très contesté Amar Saâdani de son poste de secrétaire général et de réhabiliter, du coup, la "ligne politique juste" du parti. Appelé exactement "mouvement pour la libération du parti de la situation de crise qu'il traverse", les animateurs du mouvement de redressement seraient davantage motivés par le fait que l'image d'Amar Saâdani est de plus en plus ternie, voire "dégradante", pour le parti. L'approche des futures échéances, notamment les législatives de 2017, est l'autre leitmotiv qui stimule davantage les redresseurs. C'est ce que nous a expliqué l'ancien membre du bureau politique et chef du groupe parlementaire, Layachi Daâdoua, un des membres les plus actifs de ce mouvement, qui reproche à "l'illégitime" Saâdani de "dévier le parti de sa ligne politique authentique et le mettre au service d'une clientèle restreinte et de corrompus". Il est aussi reproché à Amar Saâdani de privilégier un discours favorisant la dislocation de la société, à même de semer la "fitna". Ceci, regrettent ses opposants, se passe alors que le pays fait face, d'une part, à une crise sécuritaire et, d'autre part, à une crise économique. Dans les communiqués respectifs sanctionnant les différentes réunions sus-citées, dont on détient des copies, Amar Saâdani est, par ailleurs, accusé d'avoir des positions contraires aux principes de la politique étrangère de l'Algérie ou encore de son "éclipse" dans des moments parfois cruciaux pour le pays. Les redresseurs ne comprennent pas, entre autres, son silence lorsque le président de la République et non moins président (organique) du FLN, Abdelaziz Bouteflika, avait fait l'objet d'attaques (indirectes) du gouvernement français, allusion à ces photos où il paraissait très affaibli, tweetées par Manuel Valls. L'appel est ainsi lancé également à Bouteflika, sollicité pour mettre fin à "la mascarade Saâdani". À en croire Daâdoua Layachi, un compromis aurait été, par ailleurs, trouvé par les différentes factions des redresseurs dont celles menées par Abdelkrim Abada, Abderrahmane Belayat ou encore Salah Goudjil, pour mener la vie dure à Amar Saâdani. S'il a pu durcir sa carapace pour résister, contre vents et marées, aux cycliques mouvements de redressement depuis le coup de force du 29 août 2013, à la faveur duquel il a été parachuté à la tête du FLN en remplacement d'Abdelaziz Belkhadem, Saâdani réussira-t-il à survivre à cette énième tempête ? Si Saâdani doit jusqu'ici sa survie à ses soutiens en haut lieu, les redresseurs, eux, misent encore sur le Conseil d'Etat auprès duquel une plainte avait été déposée pour obtenir l'annulation du 10e congrès du FLN qualifié "d'illégal". Farid Abdeladim