La fête annuelle du bijou d'Ath-Yanni, dans sa 13e édition, s'est ouverte jeudi dernier avec la participation de 110 artisans dont 93 bijoutiers tous issus d'Ath-Yanni, une région connue pour ce métier ancestral et transmis avec abnégation par plusieurs générations. La cérémonie d'ouverture a été marquée par une visite des stands d'exposition par les autorités locales suivies d'une prise de parole et d'une wâada offerte aux présents. Lors de son intervention, Haouche Mohamed, président de l'association des artisans d'Ath-Yanni, a exprimé son inquiétude quant au devenir de ce métier "menacé de folklorisation et à terme de disparition". L'autre point soulevé par l'orateur est l'absence de matière première. "Cela fait neuf mois qu'aucun artisan d'Ath Yanni n'a pu se procurer de la matière première. Ils travaillent tous avec d'anciens stocks ou ils s'approvisionnent au marché noir", a-t-il dit. Selon le représentant des artisans "pour sauver ce métier, il est nécessaire d'impulser une dynamique économique dans un environnement rénové et plus favorable, car n'oublions pas que jusqu'aux années 90 le bijou d'Ath-Yanni occupait près de 65% de la population active de la région, avant son déclin dès 1992" et de rappeler que "le bijou comme le reste des savoir-faire dans notre pays a besoin de reconnaissance, de stabilité et d'un statut qui lui permette d'être un véritable segment d'activité avec des retombées certaines en termes d'emploi, de tourisme et de fiscalité locale". Le président de l'APC d'Ath-Yenni, Smaïl Deghoul a, de son côté, réaffirmé la nécessité d'aider les artisans bijoutiers dont l'activité est sérieusement menacée. "Nous avons maintenu cette fête malgré les difficultés énormes que connaissent les bijoutiers. Ils vivent un calvaire face au manque de commercialisation et de disponibilité de matières premières qu'on trouve paradoxalement au marché noir, ce qui nous amène à lancer un appel pour la prise en charge de toutes ces contraintes afin de ne pas perdre à jamais ce patrimoine". Concernant le projet de réhabilitation de la Maison de l'artisanat et la réalisation du musée du bijou à Ath-Yanni, le directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Tizi Ouzou, Gheddouchi Rachid, a rassuré quant au maintien des deux projets. "Les projets sont toujours maintenus mais malheureusement, il n'y a pas de financement pour le moment suite au gel de tous les projets" a-t-il précisé. Et à propos du manque de matière première, il s'est montré tout aussi rassurant en affirmant que "le quota des artisans existe et ils l'auront". De son côté, Ramdane Ladaouri, président de la commission tourisme et artisanat à l'APW de Tizi Ouzou, s'est montré optimiste sur le devenir de la fête du bijou en déclarant que "cette fête est un rendez-vous incontournable pour l'artisanat et la préservation du bijou. Nous essayons, d'année en année, d'autonomiser cette fête sur le plan financier. À terme, elle doit s'organiser avec ses propres revenus et devrait générer ses propres fonds". Pour sa part, un artisan bijoutier d'Ath-Larbaâ, Kheireddine Ogal avait tenu à exprimer ses contraintes et son inquiétude: "Nous souffrons de l'indisponibilité de la matière première et de sa cherté. Nous essayons toutefois de tenir le coup afin de sauvegarder ce métier et de l'améliorer avec de nouveaux modèles. La volonté existe mais il faut l'accompagner". Il est à rappeler que cette fête du bijou s'étalera jusqu'au 5 août. K. Tighilt