La dixième édition de la fête du bijou s'est ouverte vendredi dans la commune des Ath Yenni, à 35 km au sud-est de Tizi-Ouzou, où ont afflué de nombreux visiteurs pour redécouvrir ce legs culturel qui a traversé des siècles, sans perdre de son aura qui a dépassé les frontières nationales. Le coup d'envoi de cette manifestation, déclinée sous le signe "promotion et formation" a été donné par le directeur de wilaya du tourisme et de l'artisanat Rachid Ghedouchi, en présence de représentants du ministère de la Culture du Haut commissariat à l'amazighité, des autorités locales et de nombreux citoyens venus des quatre coins de la wilaya pour partager ces moments de convivialité avec les habitants d'Ath Yenni cette région à la beauté semblable à celle de ses bijoux, qui continuent de constituer la dot de la mariée kabyle. Une soixantaine d'artisans bijoutiers ont pris part à cette manifestation, abritée par le collège Larbi Mezani, ou ont été montés des stands d'exposition et de vente de bijoux, fabriqués à base d'argent, finement ciselés et sertis de corail. On y trouve plusieurs types d'articles d'ornement constituant la parure de la mariée kabyle, tels que le bracelet, le collier, les fibules, le diadème, les broches et des boucles d'oreille aussi fantaisistes les unes que les autres. Dans son message adressé à l'assistance, le président de l'Assemblée populaire communale des Ath Yenni, Smail Deghoul, a qualifié cet événement d'une "sorte de devoir de mémoire envers nos aïeux qui ont su inculquer cet art à travers des siècles et ont fait du bijou d'Ath Yenni une référence qui a traversé nos frontières". De leur côté, les bijoutiers présents à cette fête, ont fait part, de leur volonté d'honorer ce rendez-vous pour en faire "une fête au service d'un art gravé au fronton de l'histoire comme l'est l'abzim accroché fièrement au front de la mariée", selon l'expression de l'artisan Hellal Lyès, venu exposer ses bijoux fabriqués dans l'atelier familial. La persistance de la cherté du corail sur le marché parallèle, depuis l'interdiction de l'exploitation de ce matériau au début des années 2000, la continuelle valse des coûts de l'argent en fonction de ses cours en bourse, la concurrence déloyale incarnée par les produits contrefaits au détriment du bijou authentique d'Ath Yenni attendant toujours sa labellisation pour sa protection, les difficultés d'écoulement des produits finis sur le marché, sont autant de contraintes auxquelles sont confrontés les artisans bijoutiers. Dans sa réponse aux désidératas de ces derniers, le directeur du tourisme et de l'artisanat a annoncé, en la circonstance, un ensemble de mesures destinées à la promotion et à la sauvegarde de la fabrication artisanale du bijou, à travers, notamment, l'ouverture à Ath Yenni d'un centre d'approvisionnement en matières premières et de commercialisation de bijoux, la relance du Fonds national pour la promotion de l'artisanat traditionnelle ( FNPAT) en vue d'octroyer des subventions aux artisans pour l'acquisition d'outillages nécessaires à l'exercice de leur métier. "Nous sommes agréablement impressionnés par la qualité de l'organisation de cette fête assurée essentiellement par des jeunes, fait attestant indéniablement que la relève est là pour garantir la pérennisation de cet héritage ancestral appelé à un avenir meilleur que lui ouvre l'implication du mouvement associatif et des institutions publiques en charge de la promotion de l'artisanat", a indiqué à l'APS Hachimi Assad, directeur de la promotion culturelle au Haut commissariat à l'amazighité.