Plus de 110 artisans des wilayas de Tamanrasset, Sidi Bel-Abbès, Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou prennent part à la 13e édition de la fête du bijou, ouverte jeudi dernier jusqu'au 5 août. Sur la totalité des participants, 93 sont des artisans bijoutiers de la localité, basés principalement au CEM Larbi-Mezani, au moment où les autres filières artisanales comme le tapis, la vannerie, la sculpture, l'habit traditionnel et la poterie exposent à la maison de jeunes de la localité. Une variété d'anciens modèles, comme akhelkhal, abrouch, taziba, azrar, et de nouvelles créations qui suivent l'évolution sociale, est proposée aux adeptes du bijou d'Ath Yenni fait à base d'argent et de corail, a-t-on constaté. Toutefois, les prix pratiqués, jugés « chers et parfois excessifs », empêchent les visiteurs de se procurer un souvenir des Ath Yenni et se contentent de faire le tour des stands d'exposition et d'admirer ces joyaux confectionnés avec des méthodes traditionnelles pour la plupart. Une cherté reconnue par les artisans dont le métier a de la peine à survivre vu le manque de matière première sur le marché national depuis plus de huit mois. La préservation de la filière artisanale du bijou traditionnel d'Ath Yenni est menacée, a averti, jeudi, le président de l'Association des artisans bijoutiers d'Ath Yenni, Mohammed Haoueche. Ce dernier a soutenu qu'au rythme où vont les choses, beaucoup d'artisans vont mettre fin à leur activité et la fête du bijou risque d'être compromise. En l'absence de l'argent (métal indispensable dans la fabrication du bijou) chez Agenor, les 150 artisans qui tiennent toujours à leur métier (contre 560 durant les années 1990) sont contraints de recourir à l'informel pour se le procurer à des prix qui atteignent les 130.000 DA le kilogramme, a-t-il signalé. Une situation qui se répercute directement sur le prix du produit fini et donc sur les possibilités de son écoulement, a-t-il expliqué, affirmant que beaucoup de bijoutiers se contentent actuellement de l'épuisement des anciens stocks, étant dans l'incapacité d'acheter de la matière première. Toutefois, souligne Rachid Gheddouchi, des artisans bijoutiers arrivent à réaliser des gains importants pendant la fête du bijou et à écouler une bonne partie de leurs produits, ce qui les aide à faire marcher leur activité malgré la cherté de la matière première achetée dans l'informel. Des propos appuyés par le président de l'APC d'Ath Yenni, Smaïl Deghoul, qui assure que le maintien en vie de la fête du bijou est le fruit d'une volonté collective de préserver cet héritage ancestral et ce patrimoine légué par les précédentes générations. « Les conditions de travail des artisans laissent à désirer, notamment en l'absence de l'argent sur le marché national depuis novembre 2015. A chaque édition de cette fête, des promesses sont faites aux bijoutiers pour prendre en charge leurs préoccupations, mais la situation évolue très lentement, ce qui se répercute sur l'essor de cette filière de grande renommée. » Se voulant rassurant, le directeur du tourisme et de l'artisanat a déclaré que l'Agenor reprendra la distribution de la matière première dans les quelques mois à venir et que les engagements pris par le ministre durant la précédente édition concernant la réalisation d'un musée et d'une maison de l'artisanat dans la localité sont toujours maintenus. « La démarche administrative pour la concrétisation de ces deux projets est finalisée. Des bureaux d'études sont engagés pour définir les montants de réalisation et nous allons les entamer dès que le financement sera débloqué », a-t-il fait savoir.