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La France plonge dans l'islamophobie
Au motif que c'est le pays occidental le plus touché par le terrorisme
Publié dans Liberté le 02 - 08 - 2016

La communion entre les Français de souche et les musulmans de France, vendredi, lors de l'hommage rendu au prêtre assassiné par des terroristes, aura été une réponse appropriée pour les partisans de la guerre des religions. La mobilisation des cathédrales, presbytères, mosquées et places publiques ne restera-t-elle qu'un énième symbole du vivre-ensemble en France ?
La crainte des amalgames formulée par les communautés musulmanes de France dont la montée en cadence de l'islamophobie dans ce pays, après l'assassinat d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, une commune de la Normandie, juste après l'attentat de masse de Nice, s'est avérée fondée. Des agressions à caractère islamophobe et anti-arabes se multiplient. Les statistiques officielles françaises ne cochent pas encore tous les actes islamophobes, mais pour avoir une idée de leur ampleur, il suffit de regarder du côté des réseaux sociaux. Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a constaté que les tours de vis sécuritaires opérés par le gouvernement français depuis le début de l'année visent "spécifiquement" les musulmans, constatant à chaque fois une hausse significative des actes islamophobes et leur propagation sur tout le territoire de la France. De son côté, l'Observatoire national français contre l'islamophobie (Onif) note la forte progression de la cyberhaine visant les musulmans. "On enregistre, depuis l'attentat du 14 juillet à Nice, une progression plus inquiétante d'appels au meurtre contre les musulmans de France", fait-il savoir. "Ces appels de haine qui fleurissent sur la Toile et sur les murs des mosquées et dans les quartiers fréquentés par les musulmans menacent la cohésion nationale, ce que souhaitent Daesh et certains hommes politiques français qui tiennent des discours irresponsables", ne cesse d'avertir l'Onif.
Multiplication des actes islamophobes
Des exemples : dans la nuit de mardi à mercredi, une mosquée de Bron, près de Lyon, a été profanée. Une inscription menaçante : "Dehors ou la mort" a été tracée sur le mur de l'enceinte. Dans la nuit de mercredi, d'autres inscriptions signées "La milice catholique" ont été découvertes sur des murs de Lyon : "Bicot, islam, dehors ou la mort"... Des cas d'agressions verbales à Nice dans des vidéos montrant de vives altercations à caractère raciste et islamophobe. Dans l'une d'entre elles, un homme lance : "Retournez d'où vous venez" à une femme en foulard. Toujours à Nice, des banderoles : "L'islam est incompatible avec l'Occident", "Le Coran est incompatible avec le mode de vie occidental". Sur la Promenade des Anglais, depuis la nuit du drame, témoigne Feiza Ben Mohamed, porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud, des femmes se font traiter de "sales voileuses", de "sales arabes" ; on leur dit : "Cassez-vous", "Vous êtes complices des terroristes". Des agressions verbales qui touchent principalement des femmes et sont généralement commises par des hommes d'âge mûr, parfois accompagnées de leurs femmes qui prennent le relais, témoigne la représentante de la Fédération. Les familles des victimes du camion fou - qui a tué une trentaine de musulmans - sont également prises à partie sur les lieux du drame où elles se rendent pour rendre hommage à leurs proches assassinés. "On ne veut plus de vous ici", leur déclarent des passants agressifs. Plus au sud, en Corse, le mouvement clandestin nationaliste du FLNC a fait, lui, tomber carrément son masque jeudi dernier en menaçant de représailles les musulmans de l'île, dont les lieux de culte sont régulièrement souillés. Dans un communiqué, le FLNC, qui n'est pas si clandestin que ne disent les autorités françaises, a averti qu'il déclencherait "une réponse déterminée, sans aucun état d'âme". Les activistes corses qui avaient annoncé en mai leur démilitarisation, ont adressé aussi un message à l'Etat français, qui aurait, si un attentat devait se produire chez eux, une part "importante" de responsabilité car "il connaît les salafistes en Corse". Précisant qu'ils seraient au nombre de huit, le FLNC ajoute savoir avec certitude que l'un des imams de Corse est un "indicateur" de police. Plus explicites, les présidents nationalistes de l'exécutif de la Collectivité territoriale de Corse et celui de l'Assemblée corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, ont soumis, jeudi, à Assemblée corse une résolution demandant à François Hollande de fermer les lieux de culte musulmans constituant "des foyers d'influence salafiste", d'expulser les animateurs fondamentalistes de ces lieux et de renforcer la sécurité sur les sites de grande fréquentation.
La classe politique s'agite
De quoi ajouter une bonne couche sur la controverse qui anime la scène politique française avec les violentes passes d'armes verbales entre le Premier ministre de François Hollande et l'ancien locataire de l'Elysée, Nicolas Sarkozy, qui, croyant en son étoile pour un remake à l'Elysée, a fait de l'islamophobie son jackpot. Parmi ses proches, beaucoup n'ont pas hésité à donner en exemple de résilience au terrorisme le "modèle" israélien. Une idée relayée par des médias qui suggère que la France devrait s'inspirer d'Israël ! Et qui, malgré ses aspects génocidaires, n'a pas eu les réactions attendues du "pays des droits de l'homme". Très rares sont les responsables politiques français à rappeler à ces nervis le contexte colonial du conflit israélo-palestinien.
Terroriste, Daesh, un psychotique, un délinquant, un drogué, un non intégré ou un Palestinien dont on vient de détruire la maison et les terres cultivables pour cause d'extension coloniale, c'est du pareil au même ! Les Algériens qui ont en mémoire l'occupation coloniale retrouvent quant à eux là le discours colonial qu'ils ont bien connu pendant la Guerre de libération lorsqu'ils étaient tous des "terroristes". Et de grâce, qu'on ne vienne pas dire que cette explication est le fruit de la colère, d'un raz-le-bol. La révolte contre un Etat en infraction constante avec le droit international peut bien sûr être condamnée quand elle est aveugle et vise des innocents, mais la condamnation ne peut pas se faire sans en rappeler le contexte politique et historique, la colonisation massive à laquelle se livre le gouvernement israélien. Hormis les pro-israéliens et les anti-arabes notoires, les opinions occidentales savent aujourd'hui qu'en Israël l'antiterrorisme le plus efficace consisterait à cesser la colonisation et à entamer une négociation pour la reconnaissance d'un Etat palestinien souverain, comme le préconise l'Onu et les autres institutions multilatérales. Ce à quoi se refuse totalement Benyamin Netanyahou. Certains en France vont jusqu'à l'éloge du "mur" israélien. Comme si les banlieues dévolues aux non souchiens n'étaient pas des ghettos et comme si les délits de facies n'existent plus en France. Ces contemplateurs du "modèle" israélien vantent également les "arrestations préventives" et... les "assassinats ciblés".
Le musulman, ce suspect idéal !
On ne ferait pas mieux pour conditionner les populations françaises pour que tout musulman devienne un suspect sur lequel, au moindre geste inquiétant, on aura droit de vie ou de mort. La référence au "modèle" israélien n'est pas anodine quand on sait que la question palestinienne reste la cause principale d'amertume et de frustration du monde arabe. D'ailleurs, l'existence de l'Etat islamique n'est pas la cause principale des attentats que la France subit, commencent à expliquer des spécialistes vivant en France. Des voix interrogent : pourquoi la France est-elle autant touchée ? Pour le gouvernement socialiste et les médias qui gravitent autour de lui, la France paye au prix fort son "engagement dans la coalition internationale en Irak et en Syrie, ainsi que ses opérations antiterroristes au Mali et dans le Sahel". Mais, ce n'est qu'une partie seulement de la vérité. L'autre explication est nettement plus problématique. Elle commence à peine à être comprise et acceptée par les autorités politiques et quelques médias engagés, qui tentent de comprendre le pourquoi des frustrations, rancœurs et haines dans une société qu'ils estimaient "exemplaire" pour ses droits de l'homme et le respect de la liberté religieuse et d'opinion. Enfin, on met en avant les échecs, discriminations et humiliations de cette frange de Français dont les origines n'ont pas laissé de chance pour réaliser leurs succès, leur insertion. Pour d'autres, des racistes et apprentis racistes, si la France est plus durement frappée que d'autres pays occidentaux par le terrorisme, c'est parce qu'il existe sur son sol une minorité très active d'individus se réclamant de l'islam radical et qui a développé une haine "obsessionnelle" de son peuple, de ses valeurs et de ses institutions. Un discours popularisé il y a longtemps par le père du FN et laudateurs dont des nostalgiques de l'Algérie française, et qui malheureusement fonctionne encore à plein tube, repris aujourd'hui par des franges de la droite classique et des Français ordinaires, victimes de la régression économique française. Pour eux, le bouc émissaire est tout désigné : des jeunes immigrés ou d'origine immigrée, passés par la délinquance et résidant dans des banlieues abandonnées par les autorités et devenues des poudrières.
D. Bouatta


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