Après Mouloud Djazouli, ancien secrétaire général du Mouloudia d'Alger, disparu il y a moins de deux mois, c'est un autre monument du football algérien qui nous quitte en la personne d'El-Hadj Mansour Abtouche à l'âge de 93 ans, qui sera enterré aujourd'hui à Tizi Ouzou. Ancien gardien de but du Mouloudia, Abtouche rejoindra la JS Kabylie en 1946 dès la création du club qui sera le porte-flambeau de toute une région puis de toute l'Algérie. Au lendemain de l'indépendance, il en deviendra entraîneur puis président jusqu'en 1972 après avoir réussi à faire accéder le club, pour la première fois, en première division avant de passer le témoin à un autre grand dirigeant, celui qu'il désigna lui-même de «véritable bâtisseur» de la JSK, en l'occurrence, Abdelkader Khalef. Mieux encore, en 1962 il se verra confier par l'ancien ministre des Moudjahidine Mohammedi Saïd la lourde tâche de relancer le sport dans la wilaya de Tizi Ouzou où il a contribué à réhabiliter le stade de la ville, Oukil-Ramdane, qui deviendra, grâce à la mobilisation de toute une population, le fief des Canaris. Et qui dit Abtouche, dit inévitablement le MCA et la JSK, deux grands clubs très proches de par l'histoire, celle écrite par les hommes. Il y a quelques années, avant son accident vasculaire qui lui a fait perdre une partie de ses facultés physiques, El-Hadj Abtouche racontait comment il avait rejoint les rangs du Doyen en 1935 sur conseil du chantre de la chanson chaâbie El-Hadj M'rizek, au cours d'une fête familiale. La famille mouloudéenne lui trouvera même un travail chez El-Hadj Tiar, un membre du Doyen de la première heure, jusqu'au jour où il devra regagner Tizi Ouzou en 1946 pour bâtir la JSK – sur les traces du Rapid de Tizi Ouzou de Hadj Chikhaoui – qui venait de naître afin de faire oublier l'OTO (Olympique de Tizi Ouzou, équipe des colons), aux côtés de Amar Mekacher, Hassen Harchaoui, Ramdane Abbès, Oumerzouk Mohamed et Hadj Ramdane Kara et bien évidemment Hadj Chikhaoui qui sont les fondateurs du club kabyle. Pour contourner la réglementation rigide de l'époque et un certain Ferré, sous-préfet de Tizi Ouzou qui s'est opposé farouchement à la création de la JSK, les dirigeants feront participer le club dans le championnat corporatif sous l'égide de la CGT (Confédération générale des travailleurs) de 1939 à 1945. Militant donc de la première heure du mouvement sportif national et dans la wilaya III à travers la JSK, El-Hadj Mansour Abtouche, ce rassembleur hors pair, nous quitte laissant le club au rang de meilleur équipe d'Algérie et parmi le gotha du football africain. C'est sur cette assise, l'une parmi tant d'autres, que le club du Djurdjura poursuit sa route faite de titres, de consécrations et de gloire.