La fermeté affichée par la communauté internationale vis-à-vis des acteurs de la crise au Mali n'a pas empêché une aggravation des tensions qui agitent le nord du pays depuis des semaines. Une semaine après les violences qui ont opposé la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rebelles) à ses frères ennemis de la Plateforme d'Alger (pro-gouvernement), la tension demeure perceptible à Kidal, la capitale du nord du Mali. Les deux parties en conflit sont toujours en discussion pour tenter de trouver un éventuel compromis pour mettre fin à ces nouvelles violences qui interviennent dans un contexte sécuritaire explosif avec la mort d'au moins 17 militaires maliens à Nampala, le 19 juillet, et l'enlèvement d'au moins cinq autres par Ansar Eddine. Les violences qui ont éclaté le 21 et 22 juillet ont été causées par l'assassinat de deux éleveurs par des éléments armés du Groupe d'autodéfense touareg Imaghad et alliés (Gatia, membre de la Plateforme), au sud-est de Kidal. En dix jours d'affrontements entre Gatia et les membres de la CMA, pas moins de 150 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées. Dans un communiqué rendu public mercredi soir, la CMA fait également état de l'exécution sommaire de neuf personnes par Gatia. "Rien que du 21 au 31 juillet 2016, près de 150 morts dont neuf sommairement exécutés par le Gatia, et au moins 100 blessés", lit-on dans le communiqué signé par le président de la CMA et secrétaire général du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Bilal Ag Acharif. Si le calme est revenu à Kidal durant le week-end, en attendant les résultats des tractions en cours entre la CMA et la Plateforme, tout porte à croire que le risque de nouvelles violences plane à l'horizon. Car, aucun compromis n'a été trouvé jusque-là, ont rapporté les médias maliens. "Il y a beaucoup de tractations, que ce soit au niveau de la médiation à travers la Minusma, au niveau gouvernemental également et aussi au niveau de la société civile elle-même", a déclaré le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed à Studio Tamani, expliquant, toutefois, qu'"il va de soi qu'il faut que les gens comprennent que cette situation désormais dépasse les petits arrangements locaux entre communautés ou entre personnes. Et situer la situation vraiment dans le cadre du suivi de l'accord et des mécanismes mis en place". Pour la CMA, il y a urgence à revenir aux clauses de l'Accord d'Alger, signé en deux fois le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako, sous médiation internationale. "Ce ne sont pas les accords qui manquent, mais leur respect", a rétorqué le chef du Gatia, Fahad Ag Al-Mahmoud, expliquant, par ailleurs, qu'"il faut aussi savoir qu'il y a beaucoup d'acteurs qui ne veulent pas que la paix avance. Et ils ne sont pas neutres dans tout ce qui se passe". La gestion de la ville de Kidal concentre toutes les racines des tensions en cours, entre les deux principales communautés targuies : les Ifoghas dont sont issus des membres de la CMA et les Imghads dont sont issus des membres de la Plateforme. Lyès Menacer