La pollution atmosphérique s'est hissée au quatrième rang des facteurs de risque de décès prématurés dans le monde. Les pertes de revenus du travail imputables à ces décès se sont chiffrées à environ 225 milliards de dollars en 2013, selon les conclusions d'une nouvelle étude de la Banque mondiale publiée jeudi dernier. Cette étude, intitulée en anglais "The Cost of Air Pollution: Strengthening the economic case for action", fruit d'une collaboration entre la Banque mondiale et l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), a pour but de mesurer le coût des décès prématurés liés à la pollution de l'air et de faciliter la prise de décisions prioritaires dans un contexte de rareté des ressources. Selon les estimations, les maladies liées à la pollution extérieure et domestique ont provoqué la mort de quelque 120 000 personnes dans les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord en 2013. Des pertes en vies humaines qui sont sources de souffrances, mais aussi synonymes d'entraves au développement économique. L'Egypte et l'Iran comptent parmi les pays les plus touchés, tant du point de vue du nombre estimé de décès que de celui du coût économique. Si les jeunes enfants et les personnes âgées en sont les premières victimes, la mortalité prématurée liée à la pollution atmosphérique se traduit également par des pertes de revenus du travail de la population d'âge actif. Selon l'étude, pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, ces pertes ont représenté plus de 9 milliards de dollars en 2013. "Si on appréhende les pertes sous l'angle du bien-être, c'est-à-dire selon une méthode couramment utilisée pour évaluer les coûts et les avantages des réglementations environnementales dans un pays donné, le coût total des décès prématurés dus à la pollution de l'air, toutes tranches d'âge confondues, est estimé à plus de 5 000 milliards de dollars en 2013" souligne la Banque mondiale. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, "ces pertes de bien-être" ont représenté environ 154 millions de dollars, soit l'équivalent d'environ 2,2 % du PIB de la région. "On observe une forte hausse des décès liés à la pollution extérieure dans les régions densément peuplées qui connaissent une urbanisation rapide, tandis que le nombre de décès imputables à l'utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner est resté constant en dépit des avancées accomplies sur le plan du développement et de meilleurs services de santé. Globalement, les maladies causées par la pollution atmosphérique intérieure et extérieure ont été à l'origine d'un décès sur dix en 2013, soit un chiffre six fois plus élevé que les décès provoqués par le paludisme" relève la Banque mondiale. Les maladies associées à la pollution atmosphérique intérieure et extérieure ont été à l'origine d'environ 7 % des décès prématurés enregistrés en 2013 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. À l'échelle mondiale, la pollution atmosphérique se situe au quatrième rang des facteurs de risque de décès prématurés, derrière les risques métaboliques, les risques alimentaires et la fumée de tabac. "Avec cette étude, qui chiffre les coûts économiques de la mortalité prématurée liée à ce fléau, nous espérons trouver un écho chez les décideurs et faire en sorte qu'on consacre davantage de ressources à l'amélioration de la qualité de l'air. Avec des mesures de lutte contre la pollution urbaine et des investissements dans des sources plus propres d'énergie, nous pouvons parvenir à réduire les émissions de particules dangereuses, ralentir le changement climatique et, par-dessus tout, sauver des vies", indique Laura Tuck, vice-présidente à la Banque mondiale pour le développement durable. M. R.