Suite aux réactions hostiles des capitales occidentales, le controversé général Khalifa Haftar a remis la gestion des terminaux pétroliers à la Compagnie nationale du pétrole (NOC), pour montrer sa bonne volonté. La situation est rentrée dans l'ordre en Libye, qui a annoncé son intention de reprendre ses exportations de pétrole, après l'onde de choc provoquée par la prise des terminaux pétroliers de Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra par les forces du général Khalifa Haftar. Ce dernier, qui avait dépossédé une milice alliée du gouvernement d'union nationale de ces installations, a calmé le jeu jeudi en remettant leur gestion à la Compagnie nationale du pétrole, mais tout en conservant le droit d'assurer leur protection. Pour rappel, les forces du général Khalifa Haftar, liées aux autorités non reconnues basées à Bayda dans l'est de la Libye, se sont emparées entre dimanche et mardi des terminaux du Croissant pétrolier. Cette reprise des exportations pétrolières, dont les recettes représentent une part très importante du budget de l'Etat, est cruciale pour ce pays, marqué par une profonde instabilité sur les plans politique et de la sécurité, d'autant plus qu'il fait face à une sérieuse crise de liquidités. Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, a confirmé dans un communiqué que son institution était "chargée des terminaux" désormais "sécurisés". Il a souligné que les exportations de brut "reprendraient immédiatement à partir des terminaux de Ras Lanouf et Zoueitina, puis de celui de Brega". Elles reprendront d'Al-Sedra "dès que possible". Le directeur de la compagnie pétrolière libyenne a toutefois rappelé que la NOC restait loyale au GNA, tout en ajoutant qu'elle appliquait "les instructions données par le Parlement basé dans l'Est fidèle aux autorités parallèles". Quelles que soient les forces qui gardent les installations, les recettes pétrolières doivent être versées à la Banque centrale, qui est sous l'autorité du gouvernement d'union nationale. Les recettes, nécessaires selon lui à payer les salaires et à assurer les services, "doivent être versées à la Banque centrale". Dans ce pays sous la coupe de puissantes milices formées d'ex-rebelles, qui obéissent à leurs propres intérêts -qu'ils soient d'ordre idéologique, tribal ou financier-, les alliances peuvent basculer, et les terminaux pétroliers sont depuis 2011 au centre des luttes de pouvoir. Il y a lieu de souligner que la prise du contrôle des terminaux pétroliers par le général Khalifa Haftar a suscité de nouvelles inquiétudes à l'étranger. Il n'en demeure pas moins que le Chef du gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj a cherché l'apaisement en appelant "toutes les parties" au dialogue pour trouver "un mécanisme permettant de sortir le pays de la crise". Selon certains analystes, la prise des terminaux pétroliers pourrait constituer, pour le général Haftar, un moyen de pression sur l'ONU pour qu'elle amende, avec le GNA, l'accord de 2015 et intègre ainsi ce général dans le jeu politique. Merzak Tigrine