Le Premier ministre libanais, Omar Karamé, a créé la surprise générale, lundi soir, en annonçant sa démission à la reprise des débats du Parlement réuni en séance plénière, à la demande de l'opposition. “J'annonce la démission du gouvernement que j'ai l'honneur de présider afin qu'il ne constitue pas un obstacle à l'enquête sur la mort de l'ancien Premier ministre”, a déclaré M. Karamé, devant les parlementaires. Cette déclaration retransmise en directe par la télévision libanaise a été suivie d'un tonnerre d'applaudissements des députés et des centaines de manifestants, rassemblés à l'appel de l'opposition, depuis dimanche soir, sur la place des Martyrs, à quelques mètres du Parlement. “J'étais de bonne foi, malgré les accusations, mais elles ont été jusqu'à la diffamation. J'ai supporté l'injustice et les attaques, mais j'ai découvert que personne ne voulait le dialogue”, a-t-il dit pour justifier sa décision. La députée Bahia Hariri, qui souhaite désormais qu'on l'appelle la “sœur du martyr”, était montée la première, lundi, à la tribune du Parlement pour réclamer la démission du gouvernement. “Soumettez-vous à la volonté du peuple”, a-t-elle lancé à Omar Karamé. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Sleïman Frangié, s'est dit “soulagé, car le poids que nous supportions sur nos épaules était trop lourd”. Rappelons que, depuis l'assassinat de l'ex-Premier ministre, Rafik Hariri, le gouvernement de Omar Karamé est soumis à une pression virulente de l'opposition, renforcée par une mobilisation populaire sans précédent. Depuis quinze jours, elle dénonce sans relâche la légèreté du gouvernement et surtout les lacunes de l'enquête. Par ailleurs, en donnant sa démission, Omar Karamé provoque le “vide politique” que les députés, ainsi que les partisans libanais, ont affirmé vouloir éviter à tout prix. Il est à noter qu'afin de tenir les élections législatives à la date prévue, au printemps, les délais constitutionnels imposent de former un gouvernement et d'adopter une loi électorale, d'ici au 17 mars. Le Premier ministre avait insisté sur toutes ces considérations, lors de sa première intervention devant les députés, lundi. Il est à signaler qu'un partisan du Premier ministre libanais démissionnaire a été tué par balles dans son fief de Tripoli, au nord du Liban, lundi soir. Fadi Al-Ahmad, 22 ans, atteint d'une balle, alors qu'il se trouvait dans le périmètre de la résidence de M. Karamé, a été évacué vers l'hôpital voisin, où il a succombé a ses blessures, selon une source hospitalière. Aucune indication n'a pu être immédiatement obtenue auprès de la police sur les circonstances de cette mort. L'annonce de la démission de Omar Karamé avait été suivie à Tripoli par des rafales de tirs en l'air en signe de protestation de quelque 2 000 de ses partisans, qui ont bloqué la circulation dans la ville, en brûlant des pneus, en arrachant des banderoles de l'opposition et en brisant les vitres d'une voiture d'un député de l'opposition. Washington, pour sa part, a favorablement accueilli la démission du gouvernement de Omar Karamé, la qualifiant “d'opportunité pour les Libanais de choisir un nouveau gouvernement représentatif de la diversité du pays et d'organiser des élections libres et équitables”, selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan. “Nous surveillons de près les développements de la situation et avec grand intérêt. La démission du gouvernement Karamé représente une occasion pour les Libanais d'avoir un nouveau gouvernement véritablement représentatif de la diversité de leur pays. Le nouveau gouvernement aura la responsabilité d'organiser des élections libres et équitables que les Libanais ont clairement souhaitées”, a-t-il indiqué. N. A./Agences