M. Benmekki plaide pour l'abolition de la peine de mort "au niveau de la société", car, explique-t-il, "un crime crapuleux dans une société est un signe de maladie de cette même société". Il a ajouté que la solution "doit être acceptée par la société". à l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Amnesty international (AI) Algérie a organisé, hier, un débat sur la peine capitale. Animé par plusieurs intervenants, ce débat participe de la campagne que mène l'organisation pour l'abolition de cette peine. Parmi le panel de communicants, M. Aïssa Benmekki, chercheur en anthropologie politique, a considéré que les lois en Algérie "ne sont pas en harmonie". Il a cité le droit positif d'un côté et la charia de l'autre. Cette dernière, a-t-il rappelé, occupe une place très importante dans le système juridique national. Si M. Benmekki ne s'est pas exprimé sur l'abolition ou non de la peine de mort, il a proposé "une approche politique et anthropologique" sur la question. Cela dit, il a appellé à un débat "serein", loin de l'émotionnel et de la politisation à outrance des débats publics. Il a cité, par ailleurs, le fait que la législation nationale n'est pas conforme à certaines lois mondialement adoptées. Il s'est dit contre "la hiérarchisation des mœurs" qu'impose une mondialisation effrénée. Cette mondialisation, estime-t-il, nous conduit "vers un gouvernement mondial avec comme institution l'ONU, l'Unesco, la Banque mondiale, le FMI..., mais sans un Etat mondial". M. Benmekki plaide pour l'abolition de la peine de mort "au niveau de la société", car, explique-t-il, "un crime crapuleux dans une société est un signe de maladie de cette même société". Il a ajouté que la solution "doit être acceptée par la société". Tout en se disant qu'il est "anthropocentrique", M. Benmekki mis en garde contre "la peine de mort individuelle" qui nous fait "oublier la peine de mort collective". Il a cité, dans ce sillage, le massacre à la bombe atomique d'Hiroshima. M. Saïd Djabelkhir, islamologue et chercheur en soufisme, plaide, quant à lui, pour une "meilleure compréhension" des textes sacrés. Il a expliqué que le volet religieux à travers lequel cette question doit être aussi traitée "est très sensible", de ce fait, il considère qu'on ne peut être "tout à fait pour ou contre" la peine de mort. Dans son exposé, il a indiqué que l'islam séculaire "est prisonnier" de "calculs politiciens de l'Etat", qui l'a "persécuté" pour en faire, depuis des siècles "des khalifats". M. Djabelkhir est convaincu que le texte sacré "n'est pas figé" et qu'il doit être "lu et compris dans son contexte historique". Pour lui, le Coran "est venu dans l'histoire". Plus explicite, il a précisé que la question de la peine de mort doit être traitée en fonction d'un contexte historique bien précis, comme le sont les lois et les orientations de la religion qui "évoluent et changent". Ammar Khababa, avocat et défenseur des droits de l'Homme, le seul invité qui est pour la peine de mort, s'est attelé à expliquer le volet religieux de la problématique. Prenant comme référence la charia et la place qu'elle occupe dans le système juridique algérien, M. Khababa a estimé que la décision de l'Algérie de geler l'exécution des condamnations à mort "ne reflète pas la position de la société". Il considère que l'abolition de la peine de mort "est une révolte contre la volonté du peuple". Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty Algérie, a rappelé que la question de la peine de mort "est sociétale". Pour elle, son abolition "est un combat de conscience" à mener. Elle a rappelé qu'elle n'est pas "un moyen de dissuasion", qu'elle est "injuste, arbitraire, cruelle et une violation importante des valeurs de justice". Mohamed Mouloudj