Réuni en session extraordinaire jeudi au Centre technique national de Sidi Moussa, le Bureau fédéral a confirmé la nomination du Belge Georges Leekens au poste de sélectionneur national. "La commission ad hoc, après avoir consulté plusieurs techniciens, a arrêté une short-list de cinq entraîneurs. Le choix a été porté sur M. Georges Leekens pour diriger la sélection nationale. Ce choix a été approuvé à l'unanimité par les membres du bureau fédéral", s'est, ainsi, félicité le BF de la FAF, avant de tresser, ensuite, des louanges au revenant patron technique des Verts. "M. Georges Leekens et après avoir eu une carrière de joueur respectable dans le championnat belge de première division (5 titres de champion, une Coupe de Belgique et une finale de Coupe d'Europe avec le FC Bruges notamment), a embrassé avec succès la carrière d'entraîneur en dirigeant les principaux clubs de Belgique. Son travail lui a valu d'être désigné entraîneur de l'année en 1990. Au niveau des sélections nationales, Georges Leekens a entraîné par deux fois la sélection nationale belge (1997-1999 puis 2010-2012). Il a également entraîné l'Algérie la qualifiant à la phase finale de la CAN-2004 avant de quitter les Verts d'un commun accord avec la Fédération algérienne de football pour des raisons familiales. Il a enfin dirigé l'équipe nationale de Tunisie avec laquelle il a réalisé un excellent parcours lors des qualifications et du tournoi final de la CAN-2015 en Guinée équatoriale", peut-on, d'ailleurs, lire sur le communiqué de la FAF relatif aux décisions prises par le même BF. Une présentation trop flatteuse, toutefois, si l'on se réfère à l'implacable réalité — pour ne pas dire vérité — du terrain. Une première précision — et de taille — s'impose déjà ! Alors qu'il est fait référence à "une séparation à l'amiable" pour qualifier le départ de Leekens en 2003, la véracité des faits de l'époque démontre carrément le contraire ! Et c'est Mister George lui-même qui le dit ! L'on se souvient très bien que même la FAF avait, à l'époque, exprimé son grand agacement du comportement dudit technicien. Dans son édition du 26 juin 2003, Liberté avait, à ce sujet, indiqué que "la FAF ne (pouvait) pas se permettre de continuer à s'engager avec un entraîneur qui n'a manifestement pas très envie de poursuivre sa mission à la tête de l'EN en raison, notamment, de ses incessants va-et-vient Alger-Bruxelles et ses interminables problèmes familiaux". "Un pays de terrorisme et de séismes !" Un sentiment, visiblement, partagé par le même Leekens qui n'avait pas hésité à dénigrer publiquement l'Algérie et sa sélection dans une interview à la presse belge à laquelle il a confié ses états d'âme entre peur de travailler dans un pays où le terrorisme existe et lassitude de suivre des éléments qui n'ont pas hérité le talent de Zidane, allant même jusqu'à évoquer la multiplicité des secousses sismiques pour justifier son retour au Plat Pays. En parallèle, le fait que le technicien en question soit arrivé à la tête de l'EN en janvier 2003 alors que la qualification à la CAN-2004 était déjà presque acquise, "ne réalisant presque rien en six mois" (Cf, Liberté du 26-06-2003), comme cet arrière-goût amer laissé par la prestation face à la Namibie, cadre mal avec l'affirmation du communiqué du BF qui atteste que c'est Leekens qui a qualifié les Verts au tournoi continental de 2004. À cela s'ajoute cette énorme exagération digne d'un effet de loupe donné à la participation de la Tunisie à la CAN-2015 que le même BF qualifie "d'excellent parcours" ! Pourtant, avec Leekens, les Aigles de Carthage ont été éliminés dès les quarts de finale par la Guinée équatoriale. Au premier tour, la Tunisie ne s'est imposée que face à la Zambie, faisant deux matchs nuls face au Cap-Vert et au Congo. De là, alors, à qualifier ce parcours d'excellent, il existait une énorme enjambée que le BF a exécutée sans hésiter."Succès", "excellent" et "commun accord" paraissent, ainsi, des épithètes doublement exagérés et qui n'épousent en rien le parcours du technicien belge qui, pour sa seconde expérience à la tête de la sélection algérienne treize ans plus tard, pourra, en revanche, confirmer de visu la grande différence entre l'équipe qu'il a laissée et celle qu'il va driver. Une EN avec un arsenal offensif qui n'a pas son pareil en Afrique doublé d'un vestiaire qui accumule expérience du haut niveau et riche vécu émotionnel. Des Verts dont se dégage une grande puissance — footballistique et caractérielle — qu'il devra savoir canaliser et intelligemment exploiter pour forcer le destin et réussir "l'exploit nigérian", seul et imminent facteur qui "qualifiera", sans artifice langagier cette fois-ci, la décision de la FAF et de son BF, soit de pertinente, soit d'erreur de casting. Rachid BELARBI