En parlant des grévistes qui demandent l'annulation de la suppression de la retraite anticipée, le secrétaire général de l'UGTA évoque la stabilité et la paix qui seraient, selon lui, menacées. Certainement à court d'arguments et pris de court par les actions des syndicats autonomes, le patron de l'UGTA, fuyant la pression d'Alger, est allé organiser un conclave des cadres de la Centrale à Oran, où il a évoqué tout, sauf les questions brûlantes de l'actualité. Et de cibler ceux qui les portent aujourd'hui, les syndicats autonomes auxquels il "dénie" presque le droit à la revendication. Le patron de la Centrale syndicale UGTA, Sidi-Saïd, sous pression depuis des semaines avec la grogne sociale et surtout, en interne, avec le projet de l'abandon de la retraite anticipée ayant provoqué le mécontentement de la base et de cadres syndicaux, n'a pas reçu les ovations chaleureuses et habituelles, ce jeudi, à Oran. En effet, devant les cadres et les membres du secrétariat national et des secrétaires généraux des unions de wilaya, regroupés au Méridien d'Oran, le SG de l'UGTA a prononcé un long discours durant lequel ses principales cibles seront les "grévistes" adhérents aux syndicats autonomes regroupés dans l'intersyndicale. Sans avoir jamais recours aux termes de "syndicats autonomes" pour parler "des grévistes", l'orateur dira d'eux : "Quand l'UGTA faisait grève, où étaient-ils ? Il y en a qui n'étaient pas nés ou qui dormaient, l'UGTA a le doctorat de la grève et maintenant celui du dialogue." Usant de déclarations imagées, Sidi-Saïd contestera aux grévistes ce choix de revendication et de recours à la grève, leur demandant de dire ce qu'ils en ont retiré pour les travailleurs et le pays, "l'anarchie ne va pas, ce n'est pas ça, le leadership du populisme n'apporte rien..." Sur ce, il évoquera surtout l'UGTA qui, après une période de revendications, a choisi la voie de la concertation et du dialogue qui sont, selon l'orateur, "la clé pour la stabilité sociale et l'épanouissement économique". En parlant des grévistes toujours, Sidi-Saïd évoquera souvent, dans la foulée, cette question de la stabilité et de la paix du pays qui seraient ainsi menacées. Et de déclarer encore dans ce registre que "personne n'a le droit de faire quelque chose pour casser la stabilité du pays, que c'est une ligne rouge pour tout le monde parce qu'avec la déstabilisation, nous serons tous perdants. Il n'y en a pas qui ne paieront pas." Longuement, l'orateur évoquera ce rôle de l'UGTA et de l'écoute qu'a l'organisation auprès du chef de l'Etat, rajoutant que ce choix de "dialogue, de concertation et de proposition est un signe de maturité syndicale" et que le dialogue est devenu une vertu de l'Algérie, y compris à l'internationale. Plus loin, il s'attardera sur les organisations internationales, à l'instar de la Confédération syndicale internationale et de sa SG, pour qui il n'a ni respect ni mots diplomatiques, l'accusant ainsi qu'un syndicat américain d'être à la solde des Etats-Unis. Il reviendra aussi sur les velléités des forces étrangères de s'en prendre à l'Algérie et de finir par expliquer que tous maintenant savent ce qui se cachait derrière le Printemps arabe de 2011. Dans son discours, rien ne sera dit de la retraite anticipée, assurément, le patron de l'UGTA s'est réservé pour les travaux à huis clos des instances de l'UGTA qui devaient se tenir après son discours inaugural. D. LOUKIL