L'organisation internationale pour la défense des journalistes Reporters Sans Frontières (RSF) a appelé les autorités marocaines à cesser leurs "agressions" contre les journalistes-citoyens sahraouis, et les "expulsions de jouralistes étrangers", lit-on dans un communiqué rendu public hier. "Reporters sans frontières exhorte les autorités marocaines à cesser de bafouer le droit des journalistes sahraouis et étrangers à couvrir le Sahara occidenta", a appelé l'ONG, soulignant "qu'en maintenant un contrôle abusif sur l'information au Sahara occidental, les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail des reporters". RSF dénonce en effet "les agressions lors de manifestations, les procès contre des journalistes-citoyens sahraouis, les expulsions de journalistes étrangers" qui sont régulièrement signalés par les concernés eux-mêmes et les médias. "Les témoignages recueillis sur place sont accablants pour les autorités marocaines", déplore Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF, cité dans le communiqué dans lequel l'ONG s'interroge sur "jusqu'à quand ces graves restrictions à la liberté d'informer seront-elles maintenues ?", lit-on encore. "Reporter librement ce qui se passe dans cette zone sous haute tension est urgent et nécessaire, notamment pour faire toute la lumière sur les violations des droits de l'homme, que la Minurso n'est pas mandatée à documenter", a alerté Yasmine Kacha. Le communiqué de RSF n'a pas omis de rappeler certains cas d'expulsions des journalistes étrangers qui avaient dénoncé la répression et les arrestations arbitraires des militants saharouis dans les territoires actuellement occupés par le Maroc. "Le 23 octobre, Camille Lavoix, journaliste freelance pour M le magazine (le Monde) est expulsée manu militari de Dakhla vers la France alors qu'elle mène un reportage sur la situation dans la région. Durant son interpellation, sa carte SIM et ses comptes mails sont suspendus. Quatre autres journalistes étrangers ont été expulsés du Maroc depuis le début de l'année", rappelle RSF, ajoutant que "le 30 septembre, les journalistes-citoyens d'Equipe média Sahara, Saïd Amidan et Brahim Laâjaïl, sont quant à eux arrêtés par la police marocaine à Guelmim et gardés à vue pendant 3 jours. Poursuivis pour ‘atteinte à fonctionnaire public' - puni d'une peine allant jusqu'à une année de prison et 5000 dirhams d'amende (460 euros)-, Amidan et Laâjaïl se sont présentés devant le tribunal de première instance de Guelmim le 1er novembre, avant de voir leur procès reporté au 15 janvier 2017. Les net-citoyens estiment que les autorités leur reprochent d'avoir accompagné des activistes espagnols venus s'informer de la situation humanitaire dans le territoire". De même, "quelques semaines auparavant, le 21 août 2016, Nazha Elkhaledi, correspondante de RASD-TV est arrêtée alors qu'elle couvre une manifestation organisée par des femmes sahraouies dans la ville de Foum El-Ouad, près de Laâyoune. D'autres cas d'interdiction de couverture médiatique, lors de manifestations notamment, ont été rapportés à RSF" dénonce le communiqué de cette ONG qui a classé le Maroc à la 131e place, dans le classement mondial de la liberté de la presse 2016 de Reporters sans frontières. L. M.