La chute des prix du pétrole et du gaz depuis juin 2014 est venue mettre en évidence la fragilité de l'économie algérienne du fait de sa dépendance pétrolière et, surtout, les incertitudes à moyen et long terme en matière de sécurité alimentaire et énergétique. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a présenté, hier à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, une étude réalisée par des experts indépendants sur le thème "Quelle transition énergétique pour l'Algérie ?". L'étude esquisse l'ébauche d'une feuille de route "pour réussir la transition énergétique de l'Algérie et la naissance de capacités nationales d'innovation, de production, de maintenance et de services, créatrices d'emplois nouveaux et durables et de richesses". Elle intervient "à la veille de la tenue de la COP 22 pour donner un signal fort aux investisseurs nationaux et étrangers et aux bailleurs de fonds", a indiqué le président du FCE, Ali Haddad, dans son allocution d'ouverture. M. Haddad estime que "la transition énergétique est une étape cruciale de la transformation de l'économie algérienne. C'est une phase aussi importante que la nationalisation des hydrocarbures qui est intervenue en 1971". Pour Abdelmadjid Attar, le secteur de l'énergie est devenu et demeure encore, de nos jours, le secteur-clé et la clé du développement économique du pays. La chute des prix du pétrole et du gaz depuis juin 2014 est venue mettre en évidence la fragilité de l'économie algérienne du fait de sa dépendance pétrolière et, surtout, des incertitudes à moyen et long terme en matière de sécurité alimentaire et énergétique. M. Attar a mis en évidence le poids de la rente d'hydrocarbures sur l'économie nationale, en mettant en évidence, notamment, la hausse des subventions estimées à 27,7 milliards de dollars, dont 15,3 milliards indirects consacrés aux prix de l'énergie (gaz, électricité et carburants). L'expert en énergie évoque une forte croissance de la consommation énergétique de 7,8 entre 2015 et 2014 et 40% depuis 2000. En 2015, environ 42,7% de la consommation finale vont aux ménages et autres. L'industrie et le BTP n'en consomment que 20,8% et les transports 36,5%. Pour M. Attar, si on se base sur toutes les statistiques "volumétriques", aucun souci de sécurité énergétique ne se posera, pas même au-delà de 2040, alors que la rente dépendra du marché et non du niveau de production. "Mais, peut-on bâtir une stratégie de développement et garantir à long terme la sécurité énergétique sur cette seule base ‘volumétrique' sans compter celle des prix à l'exportation et la croissance effrayante et non maîtrisée de la consommation interne ?", s'interroge-t-il. Selon M. Attar, en 2030, dans le meilleur des cas, les hydrocarbures continueront à assurer 73% de la consommation énergétique du pays. Il estime que l'Etat et, plus particulièrement, le secteur de l'énergie doivent prendre les mesures nécessaires pour encourager et développer une industrie algérienne des services pétroliers. Pour le président du FCE, le secteur privé algérien doit pouvoir entreprendre et investir dans ce secteur névralgique. "Il faudra dans ce cas concevoir un cadre juridique et réglementaire adapté pour encourager l'investissement tout en préservant les intérêts suprêmes de l'Algérie. S'il y a un secteur où il serait judicieux de faire valoir la préférence nationale, c'est bien celui de l'énergie", a-t-il suggéré. M. Haddad annonce que le FCE organisera, en 2017, avec des partenaires du secteur public, une grande rencontre pour encourager la production nationale de biens et de services dans le secteur de l'énergie. Dans le cadre de la transition énergétique, au-delà de la nécessité de rationnaliser la consommation, "les énergies renouvelables s'imposent comme l'alternative la plus sérieuse, la plus propre et commercialement la plus rentable" pour le président, indiquant que le FCE soutiendra toute politique publique qui encouragera les projets relatifs aux énergies renouvelables impliquant des technologies nouvelles et innovantes. Un projet porté par un consortium a été présenté par M. Bouhara du Cabinet Tell. Ce consortium veut participer à l'appel d'offres à investisseurs qui sera lancé prochainement pour la réalisation d'installations de production d'électricité à partir d'énergies renouvelables, avec une offre à 2 000 MW. Dans ce cadre, un projet de décret a été élaboré pour définir la procédure d'appel d'offres pour le développement, l'encouragement et l'intégration des énergies renouvelables dans le système national de fourniture de l'énergie électrique. M. R.