L'Algérie se doit d'adopter une nouvelle stratégie de transition énergétique pour pouvoir sortir de la crise due à la chute des prix du pétrole. C'est ce que préconise l'ex-ministre de l'Energie et des mines, ancien directeur de Sonatrach, Abdelmadjid Attar. L'invité du MSP qui a organisé, hier, une conférence thématique intitulée « Crise énergétique, quel avenir pour l'Algérie ? », est intervenu en illustrant ses propos par des chiffres pour dire que la conjoncture est « complexe » dans la mesure où notre économie ne tourne que par « la rente pétrolière ». D'où le besoin de « tout rectifier » en tentant de revoir à la baisse le modèle de consommation énergétique. Selon les données qu'il a livrées à la presse, la production du pétrole connaîtra une tendance à la baisse à partir de 2022. Devant cet état de faits, il faudra intensifier l'effort d'exploration des hydrocarbures et notamment des hydrocarbures non conventionnels à l'exemple du gaz de schiste. Le défi sera surtout « technologique et financier », indique-t-il, non sans reconnaitre que l'énergie constitue le pilier fondamental de tout développement. L'Algérie fait face à une situation d'incertitude en termes de perspectives d'évolution de cette ressource pétrolière non renouvelable, notamment par ces temps de récession économique générale. Ce qui a engendré également la crise géopolitique régionale et l'apparition de nouveaux acteurs avec d'importantes réserves conventionnelles. En somme, Attar est convaincu que le monde « va vers une nouvelle ère énergétique ». L'Algérie est obligé de se mettre au diapason des mutations opérées en ce sens surtout que « l'OPEP ne sera plus le seul régulateur du marché pétrolier » dans les années à venir. En 2015, le Conseil des ministres a fait savoir que nos réserves réelles sont estimées à 1.387 Mds TEP, indique le conférencier en faisant remarquer que selon les déclarations gouvernementales, la production de gaz naturel en 2020 sera inférieure à celle de 2007. « En 2020, on ne pourra pas produire ce que nous avons produit jusqu'à 2007 », dira Attar en affirmant, chiffres à l'appui, que l'Algérie est l'un des plus grands pays « énergivore ». 79% de la consommation des hydrocarbures profite aux ménages et au transport. Cela se fait sans production de valeur ajoutée. La consommation de l'électricité, quant à elle, va être multipliée par quatre en 2030. Pour ce qui est du carburant, Attar a précisé que ses prix n'ont pas changé depuis 1990. La rente des hydrocarbures est de l'ordre de 37 MD en 2015. En 2012, elle était de 70 MD, poursuit-il, en regrettant le fait que tout soit basé sur les hydrocarbures y compris le budget de l'Etat et le PIB. Attar a estimé à cet effet que la sécurité énergétique est plus importante que la rente. Pour sauver l'Algérie « assise aujourd'hui sur une bombe », il faudrait repenser, selon lui, notre économie en optant pour une politique d'austérité énergétique afin de réduire la consommation interne. Sid-Ahmed Ghozali, a affirmé, pour sa part, que la solution est de s'affranchir de l'emprise des ressources épuisables sur notre économie.