Selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), publié le 31 octobre dernier, un enfant sur sept vit dans un endroit où la pollution excède jusqu'à six fois les normes internationales. Environ deux millions d'enfants vivent dans des endroits où les niveaux de pollution dépassent les normes dont 300 millions d'entre eux sont gravement exposés et un enfant sur trois dans ce lot, a les poumons touchés ! La vulnérabilité des enfants est double car ils respirent deux fois plus vite et donc beaucoup plus de particules toxiques relativement à leur poids, explique les auteurs du rapport qui ajoutent que "les substances polluantes endommagent les poumons des enfants mais elles peuvent aussi franchir les barrières protectrices du cerveau et endommager irrémédiablement leur développement cérébral". Les habitants des centres urbains dans les grandes métropoles du Sud et des foyers ruraux en Afrique (usage du bois, du charbon et de combustibles primaires) sont les plus touchés. L'organisation mondiale estime que sur les sept millions de décès liés à la pollution de l'air (OMS), 600 000 sont des enfants de moins de cinq ans. Par zones, comme il fallait s'y attendre, les plus exposées se trouvent dans le Sud avec l'Asie du Sud qui concentre le plus grand nombre, 620 millions d'enfants qui inhalent l'air chargé de particules nocives, suivie de l'Afrique avec 520 millions et de l'Asie de l'Est et le Pacifique (450 millions). Le chiffre de 3 000 décès d'enfants de moins de cinq en Europe et qui seraient en rapport avec la pollution intérieure, indique qu'il n'y a pas de fatalité et que des mesures efficace existent même si 3 000 vies humaines perdues sont 3 000 de trop. Quand la pollution de l'air rivalise avec la malnutrition sur notre continent Une autre étude qui concerne l'Afrique, parue le 17 octobre, (lemonde.fr) cette fois-ci de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur la pollution de l'air extérieur tire la sonnette d'alarme. Le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l'air par les particules ambiantes, a progressé de 36% entre 1990 et 2013 pour s'établir à environ 250 000 ; en 2013, les décès liés à la pollution domestique s'élevaient à 466 000. L'étude souligne néanmoins la difficulté (fragilité) du recueil des données. A l'inverse des pays émergents qui souffrent de la pollution industrielle, l'accès limité à l'électricité en Afrique est la source majeure d'intoxication par l'air domestique. Les auteurs de l'enquête estiment que "la pollution de l'air extérieur rivalise désormais avec la malnutrition des enfants parmi les principales causes de décès prématurés". Osant une comparaison entre Londres (Angleterre) et Lagos (Nigeria), ils notent que dans la première, la principale source de pollution est le transport. Dans la seconde, la situation est plus complexe : combustion des déchets, utilisation de poêles déficients pour la cuisine, utilisation de générateurs au gasoil, usines au cœur des villes, véhicules sans pots catalytiques [avec des carburants frelatés]. "Des cocktails de polluants qui ont disparu des villes occidentales depuis des décennies pourraient devenir un sérieux problème pour l'Afrique", ajoutent-ils. Autre source de pollution à ne pas écarter, "le rôle de phénomènes naturels, comme les tempêtes de poussière venant du Sahara ou les feux de forêt, dans l'aggravation de la pollution urbaine". Enfin le Nigeria, l'Ethiopie et l'Egypte, pays les plus peuplés du continent sont les plus affectés par les effets de cette pollution. Ces deux rapports et d'autres à l'instar des pics des concentrations de CO2 qui ont franchis à des endroits de la planète la barre symbolique de 400 ppm (parties par millièmes) ne sont pas rendus publics par hasard, à la veille de l'ouverture de la CoP22. Ils sont destinés à alerter les décideurs réunis à Marrakech du 7 au 18 novembre. Le cas de l'Algérie En Algérie, les villes souffrent plus du trafic routier ; en dehors des villes comme Annaba, Arzew, Skikda ou Ghazaouet, il n'y a pas une forte concentration d'industrielle en milieu urbain. De plus la plupart des centrales électriques fonctionnent au gaz naturel. La maîtrise du trafic routier donnerai, un vrai coup d'air mais les choses ne semblent pas évoluer dans le bon sens avec un programme de conversion au GPL qui tourne au ralenti et des transports collectifs que tout le monde fuit, faute de modernisation, pour utiliser la voiture personnelle. L'automne plutôt caniculaire n'est pas une menace uniquement pour le remplissage des barrages dont certains, à l'instar de celui de Taksebt, ont atteint la cote d'alerte ou pour l'agriculture. La pollution de l'air est aussi décuplée sous l'effet de phénomènes naturels liés à ces températures élevées pendant la journée et des nuits plutôt fraîches. En effet en situation normale, la température se rafraîchit avec l'altitude mais dans cette période, le sol se refroidit pendant la nuit et l'atmosphère se réchauffe rapidement avec le soleil. Dans ce cas les polluants, notamment ceux émis le matin par le trafic routier, se trouvent piégés sous un effet de couvercle d'air chaud. Ils ne peuvent plus s'élever et être évacués. L'absence de vent complique notablement la situation. Si ce dysfonctionnement dans le cycle naturel des saisons s'avère être en lien direct avec les activités humaines (anthropique) alors nous devons, dans notre région, subir ces effets pour longtemps, à moins que les pouvoirs publics décident de prendre le taureau par les cornes dans le domaine de la gestion des déchets urbains et du transport notamment.