L'Algérie renouvelle un baril d'hydrocarbures sur trois produits et consommés. Ce qui veut dire que nos réserves de pétrole et gaz sont en train de baisser dangereusement. La rencontre organisée la semaine dernière par le FCE sur la transition énergétique en Algérie a été l'occasion pour l'organisation patronale de présenter une étude sur le sujet. L'expert en énergie Abdelmadjid Attar, qui a présenté, au nom du FCE, la partie de l'étude consacrée à la sécurité énergétique à long terme, a mis en évidence les deux principaux paramètres de vulnérabilité du secteur énergétique national pour les quinze ou vingt prochaines années. "Les principaux paramètres de vulnérabilité de l'Algérie correspondent, d'une part, au taux de croissance de sa consommation énergétique par rapport à celui de ses réserves et sa capacité de production à long terme et, d'autre part, à la nature des usages au point de vue production de la valeur ajoutée", a fait savoir Abdelmadjid Attar. Plus explicite, Abdelmadjid Attar estime que l'Algérie est un pays qui consomme plus qu'il ne produit avec une économie totalement dépendante des hydrocarbures. "Aujourd'hui, nous renouvelons un baril pour trois barils qu'on soutire au sous-sol algérien", affirme-t-il. Par ailleurs, le paramètre de référence de cette dépendance est le baril. "Le baril monte, tout va bien. Le baril descend, rien ne va plus", a-t-il ajouté. Dans le détail, la consommation par secteur donne des chiffres assez préoccupants, selon lui, puisque 79% de la consommation finale en 2015 va pratiquement vers les ménages et le transport. C'est 79% qui ne produisent pratiquement aucune valeur ajoutée. Les perspectives et prévisions d'évolution démontrent une explosion de la consommation future. En effet, d'après des chiffres du ministère de l'Energie, la consommation de gaz naturel passera de 42 milliards de mètres cubes (m3) à l'heure actuelle, à 55 milliards m3 en 2019. Pour sa part, la Sonelgaz table sur des besoins de 47 milliards de mètres cubes en 2023 et 75 milliards de mètres cubes en 2030. Ce qui fait dire à l'expert que "c'est un taux de croissance qui n'est pas en adéquation avec le taux de croissance, soit de nos réserves, soit de notre production, soit de l'introduction des ressources d'énergie alternatives (ENR)". Concernant les réserves, l'étude fait ressortir qu'en matière de pétrole condensat et GPL on a consommé plus de 50% des réserves découvertes en Algérie depuis le début de la recherche pétrolière. Les réserves restantes étaient évaluées à 2,5 milliards de TEP dont 72% sont prouvées le reste c'est du probable et du possible. Pour le gaz naturel, en 2012 nous avions 4 500 milliards de mètres cubes dont 53% seulement étaient prouvées. Selon les chiffres de Sonatrach, en matière de ressources spéculatives, il resterait 1,4 milliard de barils de pétrole conventionnel techniquement récupérables. Dans le même temps, il y aurait encore entre 420 et 840 milliards de mètres cubes de gaz conventionnel à extraire. Mettant l'accent sur les 22 000 milliards de mètres cubes de non conventionnels, techniquement récupérables, dont dispose l'Algérie, Abdelmadjid Attar souligne que le potentiel résiduel de l'Algérie qui reste à découvrir et surtout à exploiter est essentiellement non conventionnel. Mais vu la contrainte de temps, le premier mètre cube de gaz de schiste ne viendra pas avant 2025, "on ne peut pas compter sur les hydrocarbures non conventionnels pour assurer la transition". Enfin, Abdelmadjid Attar indique que si on se base sur les statistiques volumétriques, il n'y a aucun souci de sécurité énergétique même au-delà de 2040. Encore faut-il confirmer la présence de richesses hydrocarbures commercialement récupérables et exploiter une fois les réticences levées les réserves importantes de pétrole et de gaz de schiste que recèle l'Algérie. Par contre la rente, elle, dépendra uniquement du baril. Taux de croissance de la consommation En énergie totale 7,8% en 2015 par rapport à 2014, 40% par rapport à 2000. Produits pétroliers 6,6% en 2015 par rapport à 2014, 65% par rapport à 2000 Gaz naturel 9% en 2015 par rapport à 2014, 305% par rapport à 2000 Electricité 134% par rapport à 2000 Les recommandations de l'étude Accélérer la transition en allant vers une nouvelle politique énergétique Rationaliser la consommation énergétique intérieure Aller absolument vers le gaz de schiste Changer la loi sur les hydrocarbures