Pour le chef de l'executif, l'état est déterminé à combattre le phénomène qui gangrène l'Algérie et qui prend différentes formes : commissions, dessous de table et délit d'initiés. Le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a annoncé vendredi, lors de la conférence de presse tenue au niveau de la résidence d'état Djenane El-Mithaq, la prochaine élaboration d'une loi pour lutter contre la corruption. Ouyahia a profité d'une question sur l'instruction du gouvernement qui oblige les entreprises publiques à déposer leurs fonds dans les banques publiques pour préciser que “d'autres nouvelles restrictions seront introduites concernant la circulation de l'argent”. Le chef du gouvernement accusant “certains intérêts” d'être derrière “le tollé soulevé par cette mesure”, et rappelant les mesures déjà prises pour lutter contre le blanchiment d'argent et les crimes économiques d'une manière générale, a exprimé “la ferme volonté du gouvernement d'aller de l'avant pour mettre fin à tous les dysfonctionnements qui existent dans la société”. Il s'agit de savoir jusqu'où ira le gouvernement tant des différentes institutions sensibles semblent gangrenées par le phénomène et tant son pouvoir apparaît bien limité par rapport à d'autres centres décisionnels. Pour rappel, le Conseil de gouvernement a déjà examiné, en première lecture, un avant-projet de loi relatif à la corruption, présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Le texte prévoit “des dispositions destinées à promouvoir l'intégrité et la transparence dans la gestion des affaires publiques et dans les rapports des institutions publiques avec le citoyen, notamment en matière de recrutement des fonctionnaires, de passation de marchés publics et de gestion des finances publiques. Ces règles s'appliqueront également au secteur privé”. Il prévoit également l'institution d'un organe central de prévention et de lutte contre la corruption disposant de larges prérogatives et dont les principales missions sont d'élaborer et de proposer une stratégie de prévention et de lutte contre la corruption et de veiller à son application, de recueillir les déclarations légales de patrimoine des agents de l'état, de les exploiter, de les conserver et de susciter des enquêtes judiciaires et des vérifications relatives aux faits de corruption et infractions assimilées dont il est saisi. Le texte instaure de nouvelles incriminations telles que l'enrichissement sans cause, la corruption dans le secteur privé, les exonérations et franchises illégales, la non-dénonciation d'infractions de corruption ainsi que le financement illégal des partis politiques et les fausses déclarations de patrimoine. La banque mondiale dans un rapport, faut-il le rappeler, soulignait que “la corruption est un grand obstacle en Algérie. 75% des entreprises indiquent payer des pots-de-vin” et que “le prix de la corruption représente en moyenne 6% du chiffre d'affaires des entreprises en Algérie”. Vendredi dernier, le chef du gouvernement a versé dans l'autosatisfaction, c'est peut-être son travail. Dans certains domaines, il a raison, l'Algérie connaît aujourd'hui une conjoncture économique très favorable qui lui permet de lancer d'importants programmes d'investissements. Cependant, beaucoup d'économistes estiment que la croissance est pour l'essentiel financée par la ressource pétrolière. Ce qui constitue un modèle de développement particulièrement vulnérable. D'où la nécessité d'opérer les réformes structurelles indispensables pour modifier la structure de l'économie. D'autant que le chef du gouvernement est confiant que “la situation financière du pays restera bonne, quelles que soient les fluctuations du prix du pétrole et que les investissements (publics, privés et étrangers) atteindront 100 milliards de dollars à l'horizon 2009”. Le chef du gouvernement avertit que cette opportunité, qu'il faut absolument saisir, risque de ne pas se renouveler. “C'est là la finalité majeure du pacte national économique et social”, conclut Ouyahia. M. R.