Lors d'une conférence de presse, SOS disparus, Somoud et l'ANFD ont accusé hier le président de la Commission nationale des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, de vouloir étouffer la vérité dans le cadre du projet portant sur l'amnistie générale. Les porte-parole de SOS disparus Somoud et de l'Association nationale des familles de disparus (ANFD) ont animé conjointement, hier, une conférence de presse pour dénoncer les conclusions de la Commission consultative nationale de promotion des droits de l'Homme (Ccnpdh). Son président, Farouk Ksentini, devrait remettre son rapport sur les disparitions forcées au chef de l'Etat au plus tard le 31 mars prochain. Les animateurs des trois associations ont reconnu ne pas connaître du tout le contenu de ce fameux rapport. Il n'en demeure pas moins qu'ils ont affirmé avoir recoupé les différentes déclarations publiques de Farouk Ksentini. Ils sont, de ce fait, parvenus à comprendre que le président de la Ccnpdh préconisera “aux familles qui souhaitent connaître la vérité” de faire pression pour que la justice devienne indépendante, car “il ne faudra pas attendre de l'Etat de faire son propre procès”. En conclusion, et en dehors du chapitre de l'indemnisation “pour les familles qui le souhaitent”, il recommande de “tourner la page par l'amnistie générale”. Pour Mme Lila Ighil, de l'ANFD, Farouk Ksentini fait dans “la manipulation” pour faire aboutir un projet qui scellera définitivement le dossier des disparus. Nacéra Dutour a corroboré les propos de sa camarade en soulignant que “l'amnistie générale sous-entend l'oubli, comme si nous n'avions jamais vécu la violence. S'il n'y a plus de coupables, il n'y aura plus de victimes. Nous ne pouvons accepter cela”. À ce titre, elle a annoncé que les organisations qui se battent sur ce terrain-là exigent la mise en place d'une commission vérité et justice. “Nous voulons savoir pourquoi cette guerre a eu lieu ; nous voulons savoir où sont nos enfants. Nous pardonnerons quand nous connaîtrons la vérité, et quand on nous demandera pardon.” Mme Ighil a repris la parole pour insister sur l'impératif d'installer une commission véritablement indépendante, jouissant des pleins pouvoirs pour mener des investigations sur les cas de disparitions forcées (62 400 cas selon les dernières statistiques avancées par la Ccnpdh). “Il suffit d'une volonté politique émanant de la plus haute autorité de ce pays”, a-t-elle précisé. “Qu'on nous donne l'autorisation de manifester librement et nous démontrerons à l'opinion publique que nous ne voulons pas marchander le sort de nos proches !” a répondu Nacéra Dutour à Farouk Ksentini et à des représentants de la Commission nationale de l'amnistie générale (Cnag) qui ont soutenu, dans les colonnes des titres de la presse nationale, que les familles des disparus désirent majoritairement recevoir des indemnisations de la part de l'Etat. Ali Merabet, de Somoud, a affirmé pour sa part que la Cnag n'a aucune autorité ou crédibilité puisqu'elle n'a pas d'existence légale : “Ben Bella a obtenu ce qu'il voulait (réhabilitation et suppression de la date du 19 juin de la liste des fêtes légales, ndlr). Les autres ne sont que des lèche-bottes. Les propositions de cette commission sont absurdes.” Les animateurs des trois associations ont promis de redoubler d'activité pour faire aboutir leurs revendications. S. H.