Que feront les Libyens au lendemain du 17 décembre 2017, après expiration du mandat du Conseil présidentiel et du gouvernement d'union nationale (GNA), sous conduite de l'homme d'affaires tripolitain Fayez al-Serraj ? La Libye s'apprête à vivre une situation inédite depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi fin 2011, après une intervention chaotique de l'Alliance atlantique sous-couvert d'urgence humanitaire et avec la bénédiction de l'Organisation des Nations unies (ONU), via son Conseil de sécurité. Un an après la conclusion de l'Accord de Skhirat, au Maroc, le pays se retrouve avec trois gouvernements, dont l'un est à Tobrouk (Est) et les deux autres sont implantés dans la capitale, Tripoli. Les mandats des trois exécutifs sont tous arrivés à expiration, dont le dernier est celui du GNA qui doit s'achever ce samedi sans avoir pu assurer sa mission : faire revenir la Libye à la normalité et achever un processus de transition, en panne depuis cinq ans. Et les Libyens ne sont pas prêts à vivre une nouvelle période de transition qui sera, selon eux, fatale pour l'unité territoriale du pays, dans un contexte régional et international empreint d'incertitudes et de nombreux foyers d'instabilité politico-sécuritaire. "Nous avons trois gouvernements, deux Parlements, cinq armées et deux banques centrales", ironise Mohamed, un journaliste à Tripoli qui refuse que la Libye revienne à un régime militaire ou sombrer dans le chaos des milices. "Nous ne pouvons plus accepter une nouvelle période de transition selon les plans de sortie de crise adoptés jusque-là par la communauté internationale", explique Alamin Abolmagir, dans un café à Tunis, en marge d'un séminaire sur la crise libyenne, organisé par la fondation allemande Konrad-Adenauer-Stiftung et le centre espagnol des études stratégiques Stractegia Consulting. Cinq ans après la chute de l'ancien régime de Tripoli, le spectre d'une scission de la Libye plane sur des Libyens qui tentent d'expliquer à la communauté internationale que leur révolté avait pour but de changer de régime et non pas de détruire leur pays et leur Etat. Avec l'échec de Fayez al-Serraj de ramener les partisans des deux autres Exécutifs parallèles à rallier sa cause, faute d'un consensus sur le portefeuille de la Défense, de nombreux Libyens souhaitent la tenue d'une élection présidentielle, tandis que d'autres souhaitent un retour au régime monarchique pendant au moins un an, le temps nécessaire pour préparer une nouvelle Constitution et préparer le terrain à un régime parlementaire. Mais ces propositions sont-elles réalisables sur le terrain ? Difficile de se prononcer, y compris pour les politiques et les leaders tribaux libyens qui s'entredéchirent depuis 2013 pour imposer, chacun, sa vision de l'Etat libyen post-Kadhafi. Le poids des puissances étrangères, notamment celle de certains pays arabes, empêche toute avancée réelle du processus de dialogue que l'Algérie souhaite être inclusif et libyen-libyen. De notre envoyé spécial à Tunis : : Lyès Menacer