Le groupe Saïdal a annoncé avoir décidé d'engager des poursuites judiciaires contre Zaïbet pour, précise-t-on, "fausses déclarations et atteinte à son image de marque". L'affaire du produit connu sous l'appellation RHB et prétendument présenté comme antidiabétique continue de faire couler beaucoup d'encre et d'occuper le devant de la scène avec des relents d'un scandale dont on ne connaît pas encore tous les tenants et aboutissants. Et si le principal responsable, en l'occurrence le ministre de la Santé, continue de s'emmêler les pinceaux en affirmant une chose et son contraire, d'autres acteurs se sont joints, avec ou contre leur gré, au tintamarre ambiant, amplifiant les relents d'un désordre qui cache un gros conflit d'intérêts. Et lorsque Abdelmalek Boudiaf, qui a été un des plus lourds promoteurs de ce produit maquillé en complément alimentaire, tente de dédouaner son secteur de cette énorme mascarade, en réalité il ne fait qu'ajouter une nouvelle contradiction à ses propres propos, tenus auparavant. Dans une déclaration à la presse à propos des compléments alimentaires, et ce, en marge de la séance des questions orales à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé a fait savoir que ces "produits relèvent du ministère du Commerce". Si c'était le cas, pourquoi le ministre lui-même s'est impliqué de manière outrancière dans la promotion de ce produit douteux allant jusqu'à recevoir et se montrer en compagnie de l'homme par qui le scandale est arrivé, à savoir Toufik Zaïbet ? Pourquoi également avoir adressé une correspondance aux directeurs de la santé des wilayas leur ordonnant de retirer de la vente le produit en question ? Le groupe Saidal a décidé, pour sa part, de passer à l'offensive pour tenter de s'affranchir de l'affront que lui a fait Toufik Zaïbet qui avait assuré, dans une intervention sur une chaîne de télévision privée, qu'il entretenait une relation de partenariat avec la société nationale de productions de médicaments. Saidal a, en effet, annoncé, jeudi, dans un communiqué, avoir décidé d'engager des poursuites judiciaires contre Zaïbet pour, précise-t-on, "fausses déclarations et atteinte à son image de marque". Le groupe public tient, d'ailleurs, à démentir "catégoriquement" les informations parues dans la presse et selon lesquelles Zaïbet a développé son produit avec Saidal. Ce dernier tient, de ce fait, à assurer qu'il n'entretient "aucune relation, ni de près ni de loin" avec l'intéressé et que son produit n'a fait l'objet d'aucune collaboration avec le groupe pour son développement ou sa production. Saidal, qui relève, par ailleurs, que Zaïbet n'a jamais figuré dans les effectifs de l'entreprise, précise, toutefois, que le concerné a contacté le groupe en 2004 "afin de réaliser une étude sur son produit qu'il prétendait être efficace pour le traitement du psoriasis". Et comme les résultats de l'étude se sont révélés "non conformes", Saidal affirme qu'il "a cessé tout contact avec l'intéressé, et ce, depuis 2006". L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav), qui, jusqu'ici, s'était murée dans un silence incompréhensible face aux dérapages de cette grossière campagne de promotion d'un dangereux faux médicament par certains médias, a, finalement, été sortie de sa réserve par le journal électronique Tout sur l'Algérie (TSA) qui a interviewé son président, Zouaoui Benhamadi. Ce dernier, tout en tentant de justifier le silence observé à cet égard par son instance, tient à dégager sa responsabilité dans ce dossier affirmant que "cette campagne est partie après la bénédiction qui a été donnée par des personnes qui étaient supposées rassembler à la fois l'autorité scientifique, morale et administrative", dans une évidente allusion au ministère de la Santé. "L'Arav ne peut pas se substituer à la responsabilité politique, scientifique, morale et légale de tous ceux qui ont de l'autorité ni au corpus juridique qui existe dans le pays et qui régit la vie de la société. Dans ce cas de figure, on est parti assez loin dans un supposé parrainage qui a faussé tous les jugements", assène M. Benhamadi qui admet, indirectement, avoir été induit en erreur par cette implication sans équivoque du ministre de la Santé dans la campagne de promotion de ce produit. L'Arav n'aurait-elle pas dû s'autosaisir dans cette affaire ? "Evidemment qu'on peut s'autosaisir quand nous sommes en possession des éléments scientifiques et légaux pour pouvoir le faire", répond M. Benhamadi, comme pour enfoncer encore plus le ministère de la Santé qui, selon lui, aurait, du fait de son implication directe, faussé les données. Mais, le ministre de la Santé, qui admet aujourd'hui avoir été, lui aussi, induit en erreur, a-t-il découvert l'imposture trop tard comme il tient, finalement à l'affirmer ? Qu'à cela ne tienne, le scandale a, aujourd'hui, atteint des proportions qui, le moins que l'on puisse dire, ont sérieusement écorché l'image même des institutions du pays. Hamid SaIdani