Le «chercheur» a berné tout son monde Cette affaire de santé publique, qui s'apparente comme l'un des pires scandales de ces dernières années, n'a pas encore livré tous ses secrets. Le début de la fin pour «Rahmet Rabi»! Ce produit au nom très tendancieux est passé de statut de «médicament» miracle, que tout le monde s'arrache, à l'un des pires scandales de ces dernières années dont personne ne veut y être associé. La justice a même été saisie dans ce sens par le groupe pharmaceutique généraliste algérien Saidal. Ce dernier a annoncé avoir engagé des poursuites judiciaires contre Toufik Zaibet, pour «fausses déclarations et l'atteinte de son image de marque». Car, Zaibet et ses acolytes ont laissé entendre que le RHB avait été développé avec le groupe pharmaceutique public. «Le groupe Saidal tient à informer qu'il n'entretient aucune relation ni de près ni de loin avec l'intéressé et que son produit n'a fait l'objet d'aucune collaboration avec le groupe Saidal pour le développement ou la production», affirme le groupe dans un communiqué. Saidal assure également que «l'inventeur» de Rahmat Rabi (la Miséricorde de Dieu) «n'a jamais figuré dans les effectifs de l'entreprise». Toufik Zaïbet avait contacté Saidal en 2004 pour réaliser une étude sur son produit «qu'il prétendait être efficace pour le traitement du psoriasis». «Compte tenu que les résultats de l'étude se sont révélés non conformes, le groupe Saidal a cessé tout contact avec l'intéressé et ce depuis 2006», est-il souligné par la même source qui démontre par la même que Toufik Zaibet n'était pas à son coup d'essai dans l' «invention»... D'ailleurs, le ministre de la Santé qui était l'un de ses plus grands soutiens, l'a lâché mercredi dernier lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision privée Ennahar TV. Abdelmalek Boudiaf s'est dit lui aussi «berné» par le personnage. Abdelmalek Boudiaf explique avoir connu Toufik Zaïbet à l'époque où il était wali de Constantine. Il dit l'avoir reçu afin de lui présenter ses travaux de recherches. «Et depuis, j'ai cru qu'il était médecin et chercheur. C'est ainsi qu'il s'est présenté à moi. Je suis devenu ministre de la Santé et j'ai constaté qu'il poursuivait ses recherches», a-t-il révélé avant d'admettre avoir découvert l'imposture grâce à Ennahar TV. «On a vu Ennahar et grâce à son travail professionnel, on a su qu'il n'était pas médecin. J'étais surpris», a-t-il lâché en promettant qu'il n'allait jamais lui pardonner ses mensonges. Il faut rappeler que Zaibet avait menti sur son CV en assurant avoir fait un doctorat en médecine à l'université de Genève avant d'avouer son mensonge en direct sur cette chaîne TV qui l'a confronté à la chargée de communication de l'université en question qui a nié l'existence du nom Toufik Zaibet dans la liste des anciens étudiants. Avant cela, le ministère de la Santé avait emboîté le pas à son alter ego du commerce en interdisant la commercialisation du RHB. La direction générale des pharmacies et équipements de santé a demandé «l'arrêt immédiat de la commercialisation» du produit dénommé RHB «Rahmet Rabi». «J'ai l'honneur de vous demander de veiller à l'arrêt immédiat de la commercialisation du produit cité en objet», précise le directeur général de l'organisme dans une correspondance envoyée en date du 10 décembre. «La plus grande importance est accordée à l'exécution de la présente», précise-t-il avant de demander d'être «destinataire d'un rapport concernant les mesures prises dans ce cadre». Néanmoins, c'est le département de Bakhti Belaib qui a été le premier à mettre en garde contre «Rahmet Rabi». Dès les premiers jours de la commercialisation de ce pseudo «médicament» devenu par la force des choses complément alimentaire, le ministère du Commerce a décidé d'interdire sa commercialisation. Il a même mis en «garde les citoyens contre son utilisation». La réaction du ministère du Commerce a néanmoins fait suite aux premières victimes de «Rahmet Rabi»! Des citoyens, qui «bombardés» par la campagne médiatique menée autour de ce produit, ont arrêté leur traitement classique pour le diabète. Résultat des courses: ils se sont retrouvés aux urgences dans un état critique. Le RHB a donc été interdit, mais les responsabilités liées aux tragiques dysfonctionnements de cette grave affaire de santé publique n'ont pas encore été déterminées. «Rahmet Rabi» n'a pas encore livré tous ses secrets...