RESUME : Latéfa consent à écouter sa belle-mère et retourne à l'internat, uniquement pour pouvoir revoir Rachid. Elle ne travaille pas durant les examens du bac, toute à ses rêves. Elle n'a qu'une envie, le voir chez ses parents… Latéfa passera tout le mois de juillet à attendre sa visite. Si elle garde confiance, ce n'est pas le cas de sa belle-mère, qui commençait à s'impatienter. Chaque jour qui passe ramène la question qui arrache un sourire à la jeune fille. - Et s'il ne vient pas ? Suivent à la question des reproches. Fathma craint que sa belle-fille n'ait fait le mauvais choix. - Tu aurais dû te concentrer sur tes études. Tu aurais eu la chance d'aller à la fac, poursuit-elle. Tu ne serais pas là à te ronger les ongles ! Et moi, avec toi ! Pourquoi ne m'as-tu pas écoutée ? - Je te dis qu'il viendra, lui dit la jeune fille. Et elle aura raison de croire en lui. À la mi-août, il viendra la demander en mariage. Ses parents l'accompagneront et Latéfa les trouvera adorables. Même sa belle-mère est conquise. Ouarda et Mustapha ont la cinquantaine et ils ont d'autres enfants, plus jeunes. Rachid est donc l'aîné et ils voudraient le marier. Ils semblent satisfaits du choix de leur fils. Latéfa est une fille quelconque, mais si on s'attarde un peu sur elle, on peut lui trouver du charme. - Si c'est possible, on voudraient prévoir la fête, en octobre, dit Ouarda. - Oui, pourquoi perdre du temps ? reprend son mari. Elle est en âge de se marier et Rachid aussi… Sauf si vous pensez ne pas être prêts ? - Non, en octobre, c'est bon, répond Mahmoud. On sera prêts. Fathma voudrait intervenir et proposer la période du printemps prochain, mais son mari ne revient pas sur sa parole. Maintenant que tout est décidé, Latéfa a du mal à cacher sa joie. Après leur départ, elle s'enferme dans sa chambre et se met à danser, sans musique. Fathma rit en la surprenant en train de tournoyer, dans la pièce. - Eh, doucement ! Tu vas avoir le vertige. - Je l'ai déjà. Ô Fathma, c'est le plus beau jour de ma vie ! - Je veux bien te croire ! - Rachid était sur un nuage, poursuit la jeune fille. Il m'a sourit. Fathma, je l'adore ! - Je ne mets pas ta parole en doute, répond sa belle-mère, heureuse pour elle. Tu mérites de connaître le bonheur. Il a de la chance. - Non, c'est moi qui en ai, soupire Latéfa. Il est merveilleux. - Je sais, mais il faut que tu saches que ta vie va changer. Tu as l'habitude de vivre seule et à l'aise. Tu ne fais que ce que tu veux et une fois que tu deviendras leur belle-fille, tu devras être serviable et obéissante… envers toute la famille. - Tant que je serais avec Rachid, je les servirais tous. Ils peuvent tout me demander, je serais respectueuse et obéissante, la rassure Latéfa. - Quand je parlais de vous marier au printemps, c'était pour avoir le temps de te préparer. Tu ne sais rien faire de tes dix doigts, lui rappelle sa belle-mère. Je pensais que tu aurais toute la vie pour apprendre ces choses. Maintenant que tu es promise et que la date a été choisie, je regrette de ne pas avoir eu l'idée de t'éduquer. Ce n'est pas facile de s'occuper d'un foyer. Latéfa la rassure. Durant les quelques semaines qui la séparent du mariage, elle en profite pour se rattraper et apprend à cuisiner et à tenir la maison. Elle s'est même mise à la couture. Fathma est fière d'elle. Comme si elle est sa propre fille. Seulement, comme elle n'est pas sa fille, quand ses oncles maternels apprennent qu'elle va se marier tout prochainement, ils viennent la voir, pour lui dire ce qu'ils pensent d'elle. (À suivre) A. K. [email protected]