RESUME : Josette accompagne Sorreya à son travail, elles ont la mauvaise surprise de trouver la police. La boutique a été cambriolée durant la nuit. Sorreya s'en veut à un point que personne ne pourrait imaginer. - Vous pouvez partir Anissa. Sorreya s'efforce de répondre au sourire de l'inspecteur qui l'a interrogée. Elle en connaît qui la voueront au diable après ce qu'elle vient de faire. Durant les deux heures où elle est restée au commissariat, elle a répondu à toutes leurs questions, après leur avoir tout dit, sur la bande de voleurs dont elle avait fait partie ces trois dernières années. Maintenant qu'ils ont tous les renseignements, ils allaient pouvoir les arrêter. Sorreya sait que s'ils y parviennent, elle ne pourra plus jamais se regarder dans une glace. Elle prie de tout coeur pour qu'ils aient changé de domicile. S'ils sont toujours dans le vieux garage, ils n'auront plus aucun espoir de se retrouver libres. Ils iront en prison comme s'ils n'étaient pas déjà prisonniers de la malchance. C'est un malheur d'être né anonyme, de se retrouver parmi tant d'autres dans une pouponnière en attendant d'être pris en charge par l'assistance. Ils ne sont pas nombreux à avoir la chance d'être adoptés. Et ils sont nombreux à passer de famille en famille avant de se retrouver à la rue. Et pour survivre, ils ont dû se faire à son humeur, à force de coups et de main basse. La rue n'avait rien à leur donner. Ils avaient tout à prendre, au risque d'y laisser leur vie. Et par sa faute à elle, aujourd'hui, ils laisseront leur liberté derrière des barreaux. Sorreya s'en veut à un point que personne ne pourrait imaginer. Il faudrait un miracle pour que la police ne mette pas la main sur eux. La jeune fille prend tout son temps pour retourner à la boutique. Madame Djira et Latéfa devaient être en train de nettoyer. Elles ont en partie presque terminé lorsqu'elle arrive. L'attitude de Latéfa lui paraît changée. Son regard est plus insistant aussi, elle l'évite à chaque fois qu'elle veut la regarder dans les yeux. Sa patronne a dû dire qu'elle est une fille sans nom. - Sorreya, cela s'est-il bien passé ? - Oui. Madame la prend par le bras et l'emmène devant l'entrée et lui montre de la main tout ce qui a été cassé et lui énumère aussi ce qui a disparu. - Pour subvenir à leurs besoins, ils auraient pu se trouver du travail, faire comme toi. En apprenant à la police tout ce que tu savais sur cette bande, tu as très bien fait. Tu n'as pas à te sentir coupable, Sorreya. - C'est plus fort que moi. Ils n'ont pas eu de chance, murmure la jeune fille. Moi, j' ai croisé la mienne en la personne de Josette. - C'est une femme remarquable. Si cela peut te rassurer, tu n'as rien à craindre, tu restes mon employée malgré tout. Aussi, je te confierai la boutique et la caisse dès la semaine prochaine. Je voulais t'en parler hier mais j'étais pressée. J'ai découvert que j'étais malade, je ne pourrai plus être aussi souvent ici. Donc, je compterai sur toi, rien que sur toi pour que les affaires redeviennent ce qu'elles étaient avant aujourd'hui. - Merci madame. Je pensais qu'avec ce qui c'est passé, vous allez me retirer votre confiance, dit Sorreya, rassurée mais le coeur encore serré à l'idée que d'autres allaient se faire pincer par sa faute. - À partir de maintenant, pense toujours en mieux, Sorreya. Ton avenir n'en sera que meilleur. Le jeune fille donnerait tout pour qu'il soit meilleur. Comme sa patronne n'a rien d'autre à lui dire, elle s'excuse et va aider Latéfa à nettoyer le parterre. Elle a à peine le temps de toucher la serpillière que Madame Djira l'appelle pour lui faire remarquer : - Regarde dehors ! Sorreya a l'impression que son cœur ne bat plus en voyant la voiture de la police s'arrêter près de la boutique et l'inspecteur qui l'avait interrogée, en descendre. À sa mine renfrognée, une seule conclusion lui vient à l'esprit et la réjouit, un court instant. Il ne faut pas qu'elle ait de faux espoirs. Il faut déjà que ce soit ce à quoi elle pense... (À suivre) A. K [email protected]