Ahmed Ouyahia n'a livré une opinion franche que sur trois points : son soutien à Ali Haddad, la défaillance des pouvoirs publics dans l'affaire du complément alimentaire RHB et son opposition à l'endettement extérieur. Au moins cinquante questions ont été posées à Ahmed Ouyahia, hier, lors de la conférence de presse qu'il a animée au siège national de son parti, à Ben Aknoun. Souvent, il a livré ses réponses dans un jeu lexical qui les a dénuées de sens. Ainsi, il a évacué le dossier du journaliste Mohamed Tamalt, décédé à l'hôpital le 11 décembre dernier alors qu'il était en détention. "Les autorités pénitentiaires lui ont apporté l'assistance médicale. Pour le reste, la justice statuera sur les plaintes déposées par la famille." Interpellé encore une fois sur ses déclarations antérieures relatives à l'argent sale qui gangrène l'économie et la vie politique, le patron du RND a refusé d'épiloguer sur le sujet : "Vous n'avez pas besoin de moi pour savoir d'où vient l'argent sale." Il ne s'est pas non plus prononcé clairement sur un éventuel cinquième mandat du président Bouteflika, ni sur un retour envisageable du général à la retraite Mohamed Mediène aux commandes des services de renseignements. Il s'est limité à rétorquer que "l'armée n'a nullement besoin de réservistes". Il a qualifié, avec désinvolture, le Travel Warning du département d'Etat américain, qui déconseille à ses ressortissants de se rendre dans certaines régions du pays, "de gesticulation médiatique". "À votre avis, combien de touristes américains viennent en Algérie ? Que va-t-on perdre réellement ?" S'achemine-t-on vers un remaniement ministériel ? "Je ne suis pas devin. Il n'y a que Dieu puis le chef de l'Etat qui le savent (...) et qui peuvent avoir cette information." Par contre, Ahmed Ouyahia s'est montré particulièrement clair sur son soutien au président du FCE. "Ali Haddad est mon ami et il le restera. Je ne suis pas du genre à suivre la direction du vent." De son point de vue, le Forum africain d'investissements et d'affaires n'a été émaillé que d'un "couac organisationnel". À ce titre, il a estimé plus pertinent de retenir l'essentiel au lieu de continuer à considérer "le couac comme éternel repère de ce Forum", et l'essentiel, selon lui, est que "notre pays a organisé une grande manifestation à laquelle ont pris part des milliers d'investisseurs, d'hommes d'affaires et d'entreprises (...). Il y a eu aussi des centaines de mémorandums d'entente et des contrats qui ont été discutés". Sur le limogeage de l'ambassadeur d'Algérie en France, il a affirmé que l'opinion publique n'a pas besoin d'être éclairée sur les raisons qui l'on motivé, autant qu'elle ne l'est pas sur les désignations des hauts commis de l'Etat. Pas d'ambiguïté, non plus, dans son propos sur l'affaire du complément alimentaire Rahmat Rabi. "Il suffisait de voir le nom du produit pour se rendre compte que ce n'est pas sérieux", a-t-il commenté avant de qualifier l'homme qui l'a développé de charlatan. Dès lors, comment expliquer que le ministère du Commerce ait autorisé sa commercialisation pendant de longs mois et que le ministre de la Santé ait fait sa promotion ? "Malheureusement, il y a eu défaillance de la machine publique. Et les instances de contrôle sont faibles", a reconnu Ahmed Ouyahia, avant de conclure sur le sujet : "L'affaire est en justice. Je me restreins à ce commentaire." Encore une fois, il a plaidé longuement contre le recours à l'endettement extérieur. "Il nous faut emprunter au moins 10 milliards de dollars pour combler le déficit budgétaire de 2017 et davantage pour maintenir les investissements. Nous réglerons les problèmes pour une année ou deux, puis nous replongerons dans la crise avec une lourde facture à payer", a-t-il expliqué. Pour lui, les solutions à la crise économique sont à chercher en intra-muros, estimant que le prêt d'un milliard de dollars concédé par la Banque africaine devrait constituer une exception. Souhila Hammadi