Des vacances amputées de cinq jours, et c'est la grogne des élèves. La décision de Benghabrit a fait sortir dans la rue lycéens et collégiens qui ont réclamé leurs "cinq jours" de droit et exprimé leur colère, parfois avec "violence". Le rassemblement observé, hier, devant le nouveau siège de l'académie de Béjaïa par les lycéens et les collégiens, a vite tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Les collégiens et les lycéens ont quitté, hier matin, leur établissement scolaire pour aller devant le siège de la Direction de l'éducation pour observer un rassemblement en signe "de protestation contre la réduction des vacances scolaires d'hiver", lesquelles sont passées de 15 jours à dix jours seulement. Idem pour les vacances de printemps et d'été, qui ont été amputées de plusieurs jours aussi. Sur les lieux, les manifestants ont scandé "Ulac Smah Ulac" (pas de pardon), et à mesure qu'arrivaient les autres, ils se sont mis soudainement à bombarder le siège de l'académie avec des pierres et autres projectiles. Toute la façade principale de l'académie a été saccagée. Ses vitres ont volé en éclat avant que les forces de l'ordre n'interviennent, à partir de 12h30, sans toutefois faire usage de tirs de bombes lacrymogènes, comme de coutume, pour disperser les manifestants. Les affrontements éclatent entre les manifestants et les forces de l'ordre. Face aux assauts des CNS, les manifestants se replient dans les faubourgs de la cité CNS. Aux replis des fourgons cellulaires, les manifestants les mitraillent de jets de pierres. Les hostilités entre les deux protagonistes se sont poursuivies jusqu'aux environs de 14h30. Ce n'est que bien après que les manifestants ont décidé d'abandonner le terrain des affrontements et de rentrer chez eux. Aucune arrestation n'a été opérée, selon nos informations. Pour revenir à cette contestation des élèves du moyen et du secondaire, il y a lieu de signaler que la tension est montée dans les établissements scolaires depuis dimanche dernier. La réduction des vacances scolaires d'hiver par la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, n'a pas été du goût des lycéens et des collégiens qui les ont rejoints après. Et le mouvement de la veille a été largement débattu dans les quartiers. D'où, la forte mobilisation d'hier. Par ailleurs, la Fédération des associations de parents d'élèves de la wilaya de Béjaïa (Fapewb) a vite réagi, hier, par une déclaration dans laquelle elle a appelé "les élèves à rejoindre sans tarder leurs classes". La Fapewb s'est réunie en session extraordinaire "suite à la grève initiée par les élèves dans certains établissements scolaires contre le calendrier des vacances scolaires". "Nous appelons nos enfants à rejoindre sans tarder leurs classes et à ne pas céder aux manipulations de certains milieux douteux dont les desseins vont à l'encontre des élèves et demandons l'ensemble des parents d'élèves d'être aux côtés de leurs enfants, de les encadrer et d'être à leur écoute dans ces moments difficiles", lit-on dans la déclaration de la Fapewb. Les rédacteurs de la déclaration estiment que "seul un enseignement de qualité loin de toutes considérations malsaines peut garantir la formation d'une meilleure génération de citoyens dignes et responsables". Des élèves dans la rue à Sétif Pour le même motif, des élèves de la wilaya de Sétif, notamment ceux du cycle moyen, sont sortis dans la rue. En effet, des centaines d'élèves ont manifesté hier devant la Direction de l'éducation, puis devant l'entrée principale du siège de la wilaya où un énorme dispositif de sécurité a été déployé. Selon des informations sûres, près de 3 000 élèves étaient devant le siège de la Direction de l'éducation et ont jeté des pierres, des bouteilles en verre, des œufs et autres objets au point où les agents de police ont eu beaucoup de mal à maîtriser la situation. Ce sont les élèves du CEM 8-Mai-1945 situé à une centaine de mètres de la Direction de l'éducation qui ont ouvert le bal de la protestation avant-hier. Ils ont été suivis le lendemain par des centaines d'élèves des différents établissements du chef-lieu de wilaya. Les protestataires se sont partagés l'information sur les différents réseaux sociaux, notamment facebook. Cette dernière a fait tache d'huile. Par ailleurs, nous avons appris que des collégiens du CEM Ghedjati ont cassé des vitres. Il est à noter que les élèves protestataires refusent de rejoindre les bancs de l'école et affirment qu'ils ne reviendront qu'après les vacances. "Nous sommes en vacances, car nous refusons ce nouveau calendrier. Il est anti-pédagogique. En France, ils ont eu droit à deux périodes de vacances respectivement de quinze jours, soit un total de trente jours en un trimestre. Nous sommes fatigués par ce rythme scolaire qui nous est imposé", nous dira un lycéen rencontré devant le siège de la wilaya. Colère aux Issers Par ailleurs, ils étaient, hier, des centaines d'élèves, entre autres des collégiens et surtout des lycéens des établissements des Issers, à l'est de Boumerdès, à braver le froid et la pluie pour manifester leur mécontentement, en organisant une marche de protestation contre la décision de la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, d'écourter les vacances d'hiver. Les manifestants, encadrés par un impressionnant cordon de sécurité jusqu'à la sortie ouest de la ville des Issers, ont emprunté la RN12 reliant Boumerdès à Tizi Ouzou pour se diriger vers le chef-lieu de la wilaya afin de rejoindre leur collègues des autres établissements qui observent depuis hier des sit-in devant la Direction de l'éducation. Les manifestants voulaient aussi par cette action revendiquer des vacances intégrales, qu'ils estiment être leur droit. L. OUBIRA/F. S./N. Zerrouki