Le Front des forces socialistes (FFS) a brillé, hier, par son absence au Forum d'El Moudjahid, consacré à la vie et au parcours du fondateur et président du parti, Hocine Aït Ahmed. Hormis des anciens compagnons du défunt, des historiens et les organisateurs du forum, en l'occurrence, l'Association Machaâl Echahid, aucun membre de la direction du FFS n'était présent dans la salle pour assister à l'hommage qui était, au demeurant, à la hauteur de l'homme. À l'ouverture des travaux de cette rencontre, le secrétaire général de l'association Machaâl Echahid, Mohamed Abed, visiblement gêné par cette absence, a précisé à l'assistance que son association s'est rapprochée de la direction du FFS pour les inviter à cet hommage. "Juste pour vous préciser et lever toute équivoque, on a officiellement invité le FFS, dont le fondateur n'est autre que Hocine Aït Ahmed. Les membres de la direction se sont excusés de ne pas pouvoir assister. Vous remarquerez également l'absence du fils du défunt. Ce dernier n'est pas en Algérie", a déclaré M. Abed devant une assistance nombreuse. Bien que ce forum soit dédié à l'homme historique et non pas à l'homme politique qu'est Hocine Aït Ahmed, les langues se sont déliées dans la salle sur ce boycott qui ne dit pas son nom. M. Abed insistera en soulignant que "cette rencontre revêt un caractère purement historique et se veut un hommage à un homme qui est rentré dans l'Histoire par la grande porte. Comme vous venez de voir, ce film documentaire, réalisé conjointement avec la Télévision nationale, résume un parcours riche en enseignements". De son côté, l'analyste et historien, Mohamed Lahcène Zeghidi, a relevé que "Hocine Aït Ahmed faisait partie de la génération des miracles. Cet homme a réalisé l'impossible dans un contexte extrêmement difficile, tant en Algérie pour combattre militairement la France qu'à l'étranger pour convaincre le monde entier à prendre acte de la guerre de Libération nationale". Pour le conférencier, "Aït Ahmed est un symbole du 1er Novembre 1954. Il a endossé des responsabilités historiques pas aussi évidentes. Il n'était pas un militant ordinaire. Il a un long parcours politique et militaire". Invité à prendre la parole, Saïd Chibane, ancien compagnon du "Zaïm", s'est longuement étalé sur la vie de l'homme. "J'ai connu Aït Ahmed en octobre 1940 au petit lycée de Ben Aknoun (actuel El-Mokrani, ndlr). Aït Ahmed avait tout dit dans ses mémoires. Il est allé dans le moindre détail pour raconter l'histoire de notre pays. Aït Ahmed recelait des facultés intellectuelles extraordinaires. Il n'a jamais accompli un acte, le moindre acte, sans qu'il soit convaincu. Je l'ai connu encore plus à partir des événements du 8 Mai 1945 quand il a décidé courageusement d'aller vers la lutte armée. C'est là qu'Aït Ahmed a marqué une totale rupture avec le politique. Je garderai toujours ces moments forts de l'Histoire que j'avais passés avec ce grand homme", a développé encore M. Chibane. Rappelons qu'Aït Ahmed, né le 20 août 1926 à Aït Yahia, dans la daïra d'Aïn El-Hammam (Tizi Ouzou), est décédé le 23 décembre 2015 à Lausanne, en Suisse. FARID BELGACEM