Des élèves, proches parents et amis de longue date du défunt ont, tour à tour, apporté leurs témoignages sur la l'homme et son combat pour sa patrie, sa religion et son association. Le moudjahid, enseignant et imam Cheikh Tahar Aït-Aldjet a insisté sur les positions « intangibles » du défunt Abderrahmane Chibane, « manifestées dans des moments difficiles », précise-t-il. La tolérance a été sa principale caractéristique même envers ceux qui ne partageaient pas sa vision des choses. De lui, il disait souvent, « je suis du genre qui mâche mais n'avale pas », se souvient l'imam Aït-Aldjet. Le professeur Djedouani, qui parle d'une relation de 60 ans avec Abderrahmane Chibane, regrette la mise à l'écart de l'Association des ulémas après l'indépendance. « Si l'on avait laissé l'association fonctionner, le pays aurait évité la décennie noire qu'il a vécue », a-t-il estimé. M. Djedouani déplore également les accusations formulées à l'encontre de l'association concernant sa position à l'égard de la Révolution. « Qui était derrière la prise de conscience du peuple et sa sensibilisation à la cause nationale ? », s'est-il interrogé pour dire que l'Association des ulémas, dirigée par Abdelhamid Ben Badis à l'époque, en a tout le mérite. Pour ce professeur, Abderrahmane Chibane a consacré tout son savoir pour défendre sa religion et les causes justes, en témoignent les ouvrages, au nombre de six, qu'il a édités. « Le défunt comptait parmi les grands érudits, à l'instar de Abdelhamid Ibn Badis et Cheikh El-Ibrahimi, qui ont voué leur vie à l'éducation de générations d'Algériens », a-t-il précisé. Le frère du défunt, Saïd Chibane, a rappelé, lui, les principales étapes du parcours de cheikh Abderrahmane Chibane, nomment ses positons contre le colonialisme, affichées dans ses articles parus dans la revue El Bassair. De son côté, le professeur Mohamed Segheïr Belalem estime que Abderrahmane Chibane était un éminent érudit aux connaissances incommensurables et ouvert à tous les courants. « Il était démocrate de pensée et aristocrate de pratique. » M. Belalam a souligné l'apport de l'Institut Ben Badis qui a donné des martyrs et des combattants à la Révolution, à l'image de Ahmed Lamouri et du colonel Chabani. Le professeur regrette le fait que l'histoire de cet Institut ne soit pas enseignée et reste méconnue de la génération d'aujourd'hui. Suite à l'intervention du professeur Belalem, le président de l'association Machaâl Echahid, Mohamed Abad, a annoncé l'organisation, au mois de novembre prochain, à Constantine, d'une rencontre historique sur l'apport de l'Institut Ben Badis à la révolution nationale. Un institut qui a été fermé en 1956 par les autorités coloniales qui le soupçonnaient d'accointances avec la Révolution.