Le communiqué annonçant ce chamboulement du calendrier des vacances d'hiver, publié sur le site et sur la page facebook du ministère de l'Education nationale, est édifiant quant à l'approximation avec laquelle est géré le secteur de l'éducation nationale. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, n'en finit pas de revenir sur ses décisions. Son département a annoncé, hier, à la surprise générale, la révision du calendrier des vacances scolaires. Ainsi, les vacances d'hiver, prévues initialement du 22 décembre 2016 au 2 janvier 2017, sont désormais programmées du mardi (hier) 20 décembre 2016 au 8 janvier 2017, passant ainsi de 10 jours à non pas 15 mais à 19 jours. Le communiqué annonçant ce chamboulement du calendrier des vacances d'hiver, publié sur le site et sur la page facebook du ministère de l'Education nationale, est édifiant quant à l'approximation avec laquelle est géré le secteur de l'éducation nationale. "Concernant les vacances d'hiver pour l'année scolaire 2016-2017, un changement est intervenu pour cette année puisque les vacances débuteront à partir de cet après-midi jusqu'au matin du 8 janvier prochain", est-il annoncé dans un communiqué lapidaire. Du jamais vu ! C'est à croire que quelques urgences ont rendu impératif ce changement au pied levé. D'ailleurs, les écoliers sont rentrés chez eux ce mardi à midi sans savoir qu'ils étaient officiellement en vacances. Les directeurs, tout comme les enseignants, méconnaissaient cette décision publiée à la mi-matinée. À première vue, cette révision apportée au calendrier des vacances scolaires se lit comme une réponse positive aux lycéens et aux collégiens qui ont initié un mouvement de protestation dans plusieurs wilayas du pays. Lundi, à Béjaïa, à Sétif et à Boumerdès, des lycéens et des collégiens sont sortis dans les rues pour revendiquer un retour au calendrier de vacances classique, c'est-à-dire des vacances de 15 au lieu des 10 jours retenus par la réforme de Benghabrit. Dans la wilaya de Béjaïa, le rassemblement devant la direction de l'éducation a dégénéré en affrontements entre écoliers manifestants et forces de l'ordre. Ce recul n'est pas le seul que la ministre de l'Education nationale a opéré depuis qu'elle est en poste. De la sorte, elle a accepté d'ajourner la réforme du baccalauréat au motif que des lycéens auxquels elle a rendu visite au lycée des mathématiques de Kouba le lui ont demandé. C'est ainsi que les épreuves du baccalauréat 2017 s'étaleront comme auparavant sur 5 au lieu de 4 jours comme annoncé officiellement au printemps dernier par le département de Benghabrit. La seule chose qui a été sauvegardée dans la réforme promise du bac reste l'aménagement des plages horaires de décompression entre les épreuves, lesquelles passent de la demi-heure habituelle à une heure et demie. Trop peu. On comprend à travers ces reculades à répétition que la ministre de l'Education nationale n'a pas les coudées franches et que les réformes qu'elle a tenté d'entreprendre, saluées, faut-il le dire par la communauté éducative, butent sur les hésitations et calculs politiciens d'un gouvernement apeuré à l'idée de devoir faire face à une grogne sociale en ces temps d'austérité et de disette financière, lui, qui a jusqu'ici dépensé sans compter pour acheter justement la paix sociale. Nul doute, aussi, que c'est cette même peur qui a dicté au gouvernement d'ordonner à Benghabrit d'accéder illico à la demande des lycéens et des collégiens. Ce qu'elle a fait visiblement sans poser de question. Car sinon elle aurait pu décider de vacances d'hiver à partir de jeudi tout en repoussant la date de la rentrée. Faudra-t-il aussi noter que la ministre de l'Education nationale n'a pas pensé aux parents d'élèves qui se retrouvent ainsi obligés de réorganiser, en deux jours seulement, leurs vacances en fonction de ce nouveau calendrier ? Sofiane Aït Iflis