Ces chiffres n'incluent pas les disparus en mer ou ceux qui ont réussi à rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Ils ne concernent que les harragas interceptés par les gardes-côtes algériens Mille deux cent six tentatives d'immigration clandestine ont été mises en échec par les éléments du service des gardes-côtes algériens le long des 1 200 km que compte le littoral du pays, entre janvier et décembre 2016. Selon le rapport annuel 2016 de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Laddh, "ces Algériens, qui risquaient leur vie ainsi que celle de leurs enfants qui les accompagnaient dans des embarcations de fortune et de la mort en direction de l'autre rive de la Méditerranée, fuyaient le chômage dont le taux enregistré dépasse les 35% et la dégradation de leur niveau de vie aussi, compte tenu de la crise qui secoue le pays". Le même rapport indique, en se basant sur les déclarations du vice-ministre de la Défense nationale Gaïd Salah, que pas moins de 10 000 candidats à l'immigration clandestine, Algériens et de différentes nationalités, ont été secourus au large des côtes algériennes depuis 2005 à ce jour. Cependant, le même rapport remet en cause les statistiques émises par les gardes-côtes algériens, "car les chiffres avancés ne reflètent en aucun cas la réalité du terrain, puisqu'il s'agit uniquement des harragas qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure et qui n'ont jamais été repêchés à ce jour. C'est le cas aussi de ceux qui ont pu atteindre leur objectif en arrivant sur les côtes espagnoles ou italiennes. Aucune information, ni encore un chiffre ne sont, pour le moment, disponibles à propos de ces derniers". Pour les militants de la Laddh, l'Algérie occupe la 10e place parmi les pays dont les candidats à l'immigration clandestine demeurent nombreux. "C'est l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'Union européenne, Frontex, qui l'a fait savoir en 2015 dans l'un de ses rapports. Cette agence révèle, dans le même contexte, que le nombre des candidats algériens arrêtés aux frontières européennes en 2015 était de 15 587", ajoute encore le même rapport. Celui-ci évoque également des Algériens qui se trouvent en séjour irrégulier dans certains pays européens, comme l'Allemagne, la France, la Belgique, l'Espagne ou encore l'Italie "et dont le nombre global dépasserait les 37 300 personnes. Celles-ci sont à chaque fois menacées d'expulsion vers l'Algérie par les autorités des pays où ils séjournent illégalement. Les responsables de ces pays insistent régulièrement auprès de leurs homologues algériens afin de les rapatrier et, en même temps, de faire le nécessaire pour empêcher d'autres de prendre le large en direction de la rive européenne". La Laddh, qui tient pour responsable de cette situation l'Etat algérien qui n'a rien fait pour la prise en charge socioprofessionnelle de ces jeunes qui continuent de risquer leur vie en empruntant les embarcations "de la mort", dans le but d'aboutir à l'autre rive de la Méditerranée, exprime, toutefois, son inquiétude et son désarroi à l'égard des gardes-côtes de certains pays européens qui n'hésitent pas à faire usage de leurs armes contre les candidats à l'immigration clandestine, alors qu'ils se trouvent en pleine mer. "Cela s'est produit plusieurs fois durant l'année 2016", conclut le rapport de la Laddh. AHMED CHENAOUI