Le jugement des gendarmes, le relèvement du montant des indemnités dues aux victimes sont les principales suites apportées par le gouvernement aux revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Bélaïd Abrika et les délégués de la Kabylie ayant participé au second round de dialogue avec Ahmed Ouyahia vont tenir une conférence de presse aujourd'hui à 11 heures au siège de la chefferie du gouvernement, au cours de laquelle ils annonceront les résultats des pourparlers. Les négociations, qui avaient été relancées au mois de janvier dernier, ont abouti à une série de résultats conformes au document de mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur concocté par les archs. Ils sont essentiellement de nature socioéconomique. Au chapitre des réparations, il a été décidé le relèvement de la valeur des indemnités profitant aux blessés et aux familles des victimes des évènements du Printemps noir de 2001. Le nouveau montant pourrait atteindre 25 000 dinars. La réparation est également d'ordre judiciaire. À ce propos, le chef de l'Exécutif s'est engagé au jugement de l'ensemble des gendarmes compromis dans l'assassinat de manifestants. La responsabilité de 23 gendarmes est d'ores et déjà établie. Il restera à prendre en charge les plaintes des familles restées à ce jour sans suite. Dans ce cadre, les juridictions civiles viennent d'être instruites par la chancellerie afin de procéder à la convocation des différents incriminés. De tous les dommages subis, le préjudice matériel occasionné par les troubles a sinistré la Kabylie. En dépit de l'importante enveloppe financière dégagée par l'Etat à la veille de la dernière présidentielle et des largesses accordées à ses commerçants dans le cadre de l'annulation des charges fiscales — et ce, conformément à l'accord sur les cinq incidences préalables à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur —, la région est toujours dans la précarité. Pour la sortir de son marasme, le plan d'urgence socioéconomique qui, selon les archs, vient d'avoir l'aval du Chef du gouvernement à plus de 90% prévoit une série “de transfusions”. “M. Ouyahia s'est décidé à mettre en place des commissions d'experts au niveau des wilayas touchées afin d'évaluer leurs besoins en matière d'équipements, d'emploi…”, confie un délégué. Pour autant, les chapitres socioéconomiques constituent uniquement une partie de la plate-forme d'El-Kseur. Sur le plan politique, l'ensemble des requêtes demeure en instance. “Ces questions feront l'objet d'un autre round de pourparlers. Nous n'y avons pas encore touché”, souligne-t-on du côté des délégués des archs. La seule revendication partiellement satisfaite est relative à “la révocation des indus élus”. Or, elle fait partie des incidences et non de la plate-forme d'El-Kseur. Dans ce dernier document, l'officialisation de tamazight est de loin l'exigence phare. Durant l'hiver 2004, gouvernement et archs s'étaient quittés sur un désaccord. Ouyahia voulant faire passer l'officialisation de tamazight par un référendum et les délégués de Kabylie s'y étant opposés. “Il est évident que nous n'aurions jamais accepté de reprendre le dialogue si Ouyahia n'avait pas abandonné son idée de référendum”, précise-t-on encore aux archs. Ces derniers affirment que les questions politiques seront abordées au cours de la prochaine étape du dialogue. Elle devrait intervenir après l'intermède du sommet arabe. S. L.