Délégués des archs, mais aussi lycéens et citoyens ont fait le déplacement à Agouni-Arous pour se recueillir sur la tombe du jeune “Moumouh”. À la différence de l'année dernière, aucun officiel n'était présent. Comme le veut la tradition qui s'est installée en Kabylie depuis cinq ans, les délégués du mouvement citoyen de Kabylie, accompagnés de nombreux citoyens et lycéens, ont pris, hier, le chemin sinueux et escarpé du village Agouni Arous, dans la région de Béni Douala, pour commémorer le 5e anniversaire de l'assassinat du jeune Guermah Massinissa, le 18 avril 2001, par des gendarmes à l'intérieur même de leur brigade à Béni Douala. Plusieurs délégations de Béjaïa, Bouira, Alger, Constantine, Batna, Mila et Sétif sont venues également prendre part à cette cérémonie commémorative qui est, faut-il le noter, loin d'avoir la même ampleur et importance que celle de l'année 2005, en cette même date du 18 avril lorsque le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est recueilli à la mémoire de Massinissa aux côtés des délégués des archs et entouré d'une foule très nombreuse. La cérémonie d'hier s'est déroulée, pour ainsi dire, loin des officiels. La seule présence qui a attiré, cette année, l'attention des présents, c'est plutôt la présence du délégué Ali Gherbi, venu à la tête d'une forte délégation du Comité d'El-Kseur pour déposer une gerbe de fleurs et se retirer dans le calme après avoir crié “Pouvoir assassin”. Après le traditionnel dépôt de la gerbe de fleurs sur la tombe du jeune Guermah, première victime des douloureux évènements de Kabylie, les délégués des archs se sont succédé au micro pour rappeler et évoquer, chacun à sa manière, les tragiques évènements de Kabylie, la situation actuelle du mouvement citoyen et le dialogue entamé il y a plus d'une année avec le Chef du gouvernement. Intervenant en premier, Khaled Guermah, le père de Massinissa, s'est focalisé sur l'indispensable union et fraternité pour l'aboutissement du combat démocratique et la consécration de l'idéal pour lequel sont tombées les victimes du Printemps noir. “Cessons de nous unir et réunir pour enterrer nos enfants, unissons-nous plutôt pour faire avancer le projet démocratique en Algérie”, abondera dans le même sens le délégué de Sétif. Le délégué de Béjaïa, Bezza Benmansour a, quant à lui, surtout insisté sur la nécessité d'accorder une grande importance aux repères identitaires car, estime-t-il, “l'obscurantisme est le refuge des sans-repères”. Après un bref aperçu sur l'évolution, qu'il considère positive, du combat identitaire depuis l'Indépendance, Bélaïd Abrika, porte-parole de la délégation chargée des négociations avec le représentant de l'Etat, reviendra lors de son intervention sur les acquis arrachés par le mouvement citoyen, tels que la reconnaissance de l'Etat de sa responsabilité dans les tragiques évènements de Kabylie et la réparation due aux victimes, mais tout en soulignant que “le combat pour l'identité n'est pas achevé tant que la langue amazigh n'est pas encore officielle, et les gendarmes qui ont assassiné les 126 jeunes de la région ne sont pas jugés par des tribunaux civils”. Par ailleurs, livrant son appréciation du bilan du dialogue, Abrika dira : “Nous ne sommes pas satisfaits, et nous restons toujours vigilants et ce, jusqu'à l'application entière de la plate-forme d'El-Kseur.” Pour conclure, Bélaïd Abrika dira que “notre combat ne doit pas être seulement celui de la Kabylie, mais celui de toute l'Algérie, car nos revendications, à savoir la liberté, l'indépendance de la justice, le développement… concernent tous les Algériens”. Enfin, il est à noter qu'une plaque commémorative a été inaugurée sur le lieu même où a été assassiné le jeune Guermah Massinissa le 18 avril 2001. Samir LESLOUS